Deux semaines à peine après le début de la guerre, des milliers de vrais et faux volontaires, présentés tous comme d’anciens militaires aussi aguerris que désintéressés, sont déjà arrivés en Ukraine, dans le même temps que l’armée russe se prépare à lancer l’assaut vraisemblablement à la fois sur Kiev au nord, et sur Odessa au sud. Il y en aurait de plusieurs nationalités, dont des Américains, en plus grand nombre que les autres. Ce contingent n’est que le premier du genre, d’autres devront suivre. En deux semaines, l’armée ukrainienne, dont les effectifs ne sont pas négligeables, n’a pas pu perdre à ce point de soldats qu’il lui faille dès à présent accueillir «des brigades internationales» en vue de se refaire. Il faut laisser aux spécialistes en ces matières le soin de trancher la question de savoir si ces étrangers venus à la rescousse des forces armées ukrainiennes sont des volontaires motivés par leurs seules convictions ou des mercenaires sans aveu, des professionnels sans cause désireux seulement de monnayer leurs compétences guerrières. Pour les Russes en tout cas la question ne se pose pas, il s’agit de mercenaires à qui il sera réservé, s’ils sont pris, un traitement d’une sévérité particulière.
On a déjà dit que les mercenaires de la société russe Wagner étaient déjà présents en Ukraine, en vue de l’exécution de missions spéciales, comme des assassinats de personnalités ukrainiennes, mais aucune preuve n’a encore été apportée à l’appui de cette assertion. Le doute en revanche n’est guère permis s’agissant des «Wagner» pro-occidentaux, du moment que les Ukrainiens et leurs alliés non seulement leur font appel, mais exhibent ceux qui sont déjà arrivés, les font parler devant les caméras, pour mieux les donner en exemple. Ce n’est évidemment pas un hasard s’ils commencent à débarquer à la veille de la bataille de Kiev. Leur arrivée à elle seule est de la tactique. Les combats de rue sont à l’évidence en bonne place dans le plan de défense de la ville concocté par les stratèges associés ukrainiens et occidentaux. Ces groupes armés étrangers, en plus d’être formés de gens rompus aux combats rapprochés, ont une deuxième utilité : faire croire aux naïfs que leur dévouement est de même nature que celui des fameuses brigades internationales pendant la guerre d’Espagne. Ils peuvent servir à autre chose : manier des armes que les soldats ukrainiens seraient incapables de maîtriser en peu de temps, dont peut-être des avions de combat américains, qui les attendraient dans un pays voisin. Pour l’heure, rien n’est à écarter, d’autant que la guerre ne fait que commencer. Il n’y a rien qui soit dans les cordes de l’Otan, en guerre non déclarée contre la Russie, qui soit susceptible de faire s’enliser son armée dans Kiev, et peut-être ailleurs, et qu’elle ne ferait pas, pourvu que cela ne conduise pas à un affrontement direct entre eux deux. Il semble que ce soit dans Kiev que l’Otan a l’intention de jeter toutes ses forces disponibles, qui pour grimées qu’elles soient n’en seront pas moins le moment venu tout fait visibles et reconnaissables. Si le but de guerre des Russes est de prendre la ville, et cela le plus rapidement possible, celui des Occidentaux, qui n’arrêtent pas de dire qu’ils ne sont pas en guerre avec eux, c’est de les y fixer, de les y embourber, de les faire saigner à blanc. C’est donc une partie décisive qui va commencer.