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jeudi 28 mars 2024

En Tunisie comme en Libye, des élections pour dépasser la crise

Bien que les crises libyenne et tunisienne n’aient rien de commun, on ne saura que l’une et l’autre  sont dépassées que si elles donnent lieu à des élections, ou à quelque autre consultation populaire, dont les résultats seront  acceptés par ceux des protagonistes qui les auront perdues. Il ne suffit pas en effet de faire tenir des élections, il faut encore que comme remèdes, elles ne se révèlent pas par la suite pires que le mal qu’elles sont censées guérir une bonne fois pour toutes. On n’attendra pas longtemps avant de voir si tel est le bien le cas en Tunisie, où le référendum pour une nouvelle Constitution est prévu pour le 25 Juillet prochain, une année donc jour pour jour après l’adoption des mesures d’exception prises par le président Kaïs Saïed. Le corps électoral étant déjà convoqué par ce dernier, on peut dire que dans ce pays on est déjà dans le vif du sujet. La campagne électorale a commencé, le président et ses partisans faisant tout leur possible pour une approbation massive de la nouvelle Constitution, au contraire de leurs adversaires,  qui travaillent pour leur part au plus large boycott possible le jour « J ». La chose à quoi ils s’emploient, à vrai dire depuis le 25 juillet de l’année dernière, c’est à créer les conditions d’une révolte populaire qui forcerait Saïed non seulement à abandonner son projet de réforme du système politique mis en place en 2014, mais à quitter le pouvoir. Si le but de Saïed est de tout changer, le leur au contraire est de tout restaurer. Entre un plébiscite en faveur de la nouvelle République, et du président par la même occasion, et une insurrection survenant avant la tenue du référendum, et pour en empêcher le déroulement, il existe peut-être une troisième possibilité : une abstention massive le 25 juillet prochain, à ce point importante qu’il serait impossible de ne pas en tenir compte. La crise sera dépassée aussi bien dans le cas de l’approbation que dans celui de l’annulation, sauf bien sûr  que les perdants et les gagnants ne seront pas les mêmes ici et là.  Elle ne le sera pas dans le troisième cas. Ce sera alors comme si on se retrouvait une année plus tôt, mais avec un président plus  faible qu’il ne l’était avant le 25 juillet 2021. Pour autant, ce n’est pas là l’évolution la plus probable. En Libye également, la solution réside dans la tenue d’élections. Il se trouve qu’on n’en voit pas encore le bout, même si le gouvernement Dbeibah, dont c’est là la tâche principale sinon la seule, a marqué dernièrement des points peut-être décisifs contre l’autre gouvernement, celui de Bashagha. Mais si en Tunisie, ce sont les électeurs qui sont appelés à trancher le débat, soit par leur  participation importante soit par l’abstention massive au référendum constitutionnel, il en est autrement en Libye, où cette décision reviendra aux factions elles-mêmes, dès avant la moindre élection. Dans ce pays, la crise sera terminée quand ses protagonistes se seront engagés à accepter les résultats de l’élection quels qu’ils soient. Les élections  avortées de l’année dernière l’ont été avant tout parce que les factions libyennes, qui sont des armées, n’avaient nullement l’intention d’en accepter les résultats, à moins qu’ils ne leur soient favorables.

Mohamed Habili

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