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mercredi 31 mai 2023

En Palestine rien ne va plus

Dimanche dernier à al-Aqaba en Jordanie s’est tenue une rencontre entre Palestiniens et Israéliens d’exception, comme il semblait peu probable qu’il puisse encore s’en produire entre deux parties que tout avait fini par opposer. D’ailleurs sans la présence des représentants des intermédiaires traditionnels dans leur conflit, que sont l’Egypte, les Etats-Unis et la Jordanie, ces pourparlers organisés en urgence n’étaient même pas envisageables. Il s’agissait de trouver un accord minimal pour éviter un embrasement généralisé dans les territoires occupés, dans une conjoncture de violence qui va croissant, entretenue qu’elle est par une extrême droite israélienne d’autant plus décomplexée qu’elle est maintenant au pouvoir. Jamais il n’y a eu autant de morts en aussi peu de temps : déjà plus d’une soixantaine du côté des Palestiniens, qui en temps ordinaire en déplorent quelque deux cents sur une année, et une dizaine côté israélien, une moyenne rarement atteinte. Pour éviter que ces chiffres explosent à l’approche du Ramadhan et de la Pâque juive, les pays parrains ont convoqué Palestiniens et Israéliens dans la cité balnéaire d’al-Aqaba, sur la mer Rouge, pour tirer d’eux l’engagement d’en appeler au calme dans leurs camps respectifs.

Alors que les pourparlers étaient en cours, deux colons israéliens sont tués par un jeune Palestinien qui de surcroît a réussi à échapper à ses poursuivants. C’est plus que ne peuvent supporter des colons qui maintenant ont des ministres qui siègent au gouvernement, lesquels sur-le-champ sont entrés en transe, exigeant l’arrêt immédiat des discussions. Si par le passé la colère des extrémistes israéliens s’exprimaient dans la rue et au détriment des Palestiniens, c’est maintenant dans les bâtiments du gouvernement qu’elle éclate avant de se répandre au dehors à la recherche de ses victimes palestiniennes. En Israël l’extrémisme est arrivé à ses fins dernières : il est au pouvoir, c’est lui qui fait les lois, lui qui les met en œuvre. Il ne lui reste plus qu’à se débarrasser de ses alliés les plus tièdes pour passer du programme transitoire actuel au programme maximal, c’est-à-dire pour en finir une bonne fois pour toutes avec les non-juifs. Dans une conjoncture aussi brûlante et mouvante, on comprend que la réunion d’al-Aquaba n’ait débouché que sur un moratoire de colonisation… d’une durée de trois à six mois. Au-delà, la visibilité est nulle ; plus loin, c’est comme tirer des plans sur la comète. L’extrême modestie de cet accord, qui en fait n’en est pas un, les acteurs aux prises n’en étant pas les signataires, montre déjà en soi que la situation en Cisjordanie n’est plus sous contrôle. Que ni l’Autorité palestinienne ni le gouvernement israélien ne peuvent plus rien. C’est déjà le cas depuis maintenant des années côté palestinien. On peut en dire autant côté israélien, maintenant que l’extrême droite suprémaciste est aux commandes. Benyamin Netanyahou s’efforce encore de faire accroire que c’est toujours lui le chef, qu’il est encore en capacité de contrôler la situation, de se faire obéir par tous ses ministres, de les tenir en main. La réalité qu’ils sont déjà hors de son emprise, au dehors à la tête de leurs troupes, en marche sur l’ennemi palestinien, qui lui-même les attend de pied ferme, heureux de devoir les affronter.

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