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jeudi 28 mars 2024

En Libye un nouvel exécutif mais pas encore des démissions formelles

La désignation d’un nouvel exécutif intérimaire libyen, vendredi dernier à Genève sous les auspices des Nations unies, semble placer enfin la Libye sur une voie dégagée où elle n’aurait qu’à se laisser glisser pour toucher au terme d’une crise qui n’aura que trop duré. Dans quelques semaines en effet, celle-ci sera parvenue au bout de sa dixième année. La Libye dispose désormais d’un chef de gouvernement, et d’un conseil présidentiel, toutes fonctions dont on serait tenté de dire qu’elles seront d’autant mieux remplies qu’elles sont revenues, à l’issue des élections tenues lors d’une réunion des 75 membres du Forum du dialogue politique libyen, à des personnalités relativement peu connues par rapport à d’autres candidats, comme Fahthi Bashagha et Aguila Salah. Ni Mohammed Dbeidah, le Premier ministre de la transition, ni son colistier Mohammad Younes Menfi, promu pour sa part au rang de président du nouveau Conseil présidentiel, ne sont des célébrités, en tout cas en dehors de la Libye, comme le sont d’autres personnalités libyennes. Ce fait ne joue ni en leur défaveur propre ni à celle du processus engagé depuis la Conférence de Berlin de janvier 2020.

Il serait même un gage de succès, étant donné que la mission à mener jusqu’à son terme indiqué, le 24 décembre de la même année, est purement transitoire. Le gouvernement à mettre en place à partir de maintenant ne pourra pas, et d’abord parce qu’il aura bien compris qu’il est non seulement provisoire, comme le fut aussi son prédécesseur, le GNA, dont on attend maintenant qu’il annonce sa dissolution, mais partant à une date fixée d’avance. De lui on pourrait presque dire qu’il est partant avant même que d’arriver. Ce n’est pas à un exécutif doté d’un programme aussi réduit que précis qu’il viendrait à l’idée de contracter des alliances avec des Etats étrangers ou de passer des traités avec tel ou tel d’entre eux, sous prétexte par exemple qu’il jouit de la reconnaissance de la communauté internationale. Ce nouveau gouvernement transitoire libyen, à la différence du GNA, connaît dès sa désignation ce qu’il a à faire et quand il doit quitter la scène. Il n’a pas vocation à s’éterniser. Encore faut-il qu’il puisse prendre ses fonctions, ce qui ne peut se faire que si les parties qui les exercent pour l’heure consentent à les lui céder. Or si jusqu’à à présent sa naissance a été saluée de bien des côtés, en particulier par les puissances occidentales, mais aussi par la Turquie, nulle déclaration du même esprit n’a été faite à Tripoli et à Tobrouk, où siègent ces mêmes deux gouvernements auxquels il doit se substituer, pour ainsi dire dans un seul élan. Normalement, personne ne devrait être à l’heure qu’il est en train de guetter une réaction de cet ordre. Tout aurait dû être réglé avant la dernière réunion de Genève. Des propos solennels auraient dû être prononcés disant que les pouvoirs en place où qu’ils soient, à l’est ou à l’ouest, cesseraient d’exister dès la proclamation des résultats des élections au sein du Forum. On n’a encore rien entendu de tel. Il est vrai qu’on n’a rien entendu non plus qui soit à l’opposé. De sorte qu’il faut encore attendre avant de savoir si la Libye est désormais pourvue d’un gouvernement d’un seul ayant autorité sur tout le pays, ou si elle vient d’être dotée d’un troisième, en plus des deux qu’elle a déjà.

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