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samedi 25 mars 2023

En Libye toujours pas de présidentielle en vue

A quelques heures seulement désormais de la présidentielle libyenne du 24 décembre, il n’y a bien entendu aucune chance qu’elle puisse malgré tout avoir lieu. Ce serait bien la première fois dans l’histoire qu’une compétition électorale, dont on ne connait encore pas même les candidats censés y prendre part, développe tous ses moments en deux jours seulement, en comptant à partir d’hier, le troisième étant son jour «j». L’autorité en charge de son organisation, en l’occurrence la Haute commission électorale libyenne, auprès de laquelle les candidatures ont été dûment déposées, non sans quelques troubles d’ailleurs, devrait pouvoir faire tenir dans quelques heures seulement l’annonce des compétiteurs, la campagne électorale, qui dans ce cas devrait se faire à la vitesse de la lumière dans un pays aussi vaste, puis le scrutin, qui à lui seul prendrait 24 heures. S’il est une mission impossible, c’est bien celle-là. La moindre des choses serait pour elle d’en prendre acte. Ce qu’elle ne fait toujours pas, du moins à l’heure où ces lignes sont écrites. C’est à se demander si elle-même existe encore.

Pour la première fois on a vu le représentant d’un certain nombre de candidats, qui se comptent par dizaines, y aller d’une déclaration dans laquelle il demandait qu’on lui explique pourquoi les élections au bout du compte ne se tiendraient pas à leur date, le 24 décembre. En Libye pourtant, pour divisé que soit le pays, il y a un gouvernement et un Parlement, et même une Assemblée faisant office de chambre haute, le Haut Conseil d’Etat, basé à Tripoli. L’un au moins de ces organismes aurait pu apporter aux Libyens les éclaircissements qui s’imposent. Tous se réfugient dans le silence. C’est que cette présidentielle, de même que les législatives devant théoriquement la suivre, n’ont pas été voulues par les acteurs libyens, mais par la communauté internationale, agissant par l’intermédiaire de la Mission d’appui de l’ONU en Libye, la Manul. Les factions libyennes elles-mêmes devaient sûrement savoir que ces élections étaient en réalité infaisables. Mais comme dans cette affaire elles n’avaient pas voix au chapitre, elles avaient fini par faire semblant d’y croire, et même par s’y inscrire à travers des candidats issus de chacune d’elles. Les plus sérieux de ces candidats sont soit les chefs, comme Khalifa Hafter, soit les représentants des milices dont chacune tient une partie de la Libye. Pour cette raison, la présidentielle du 24 décembre aurait été une élection par et pour des milices. Elle déboucherait, si par impossible elle se tenait, sur l’élection d’une milice au détriment des autres, qui pour cela en auraient contesté les résultats. Et la Libye se serait trouvée dans le même cas qu’en 2014, lorsque des législatives organisées en dépit du bon sens avaient conduit à la division du pays en deux entités politico-militaires, l’une à l’est et l’autre à l’ouest, sauf que bien sûr une deuxième division ne serait pas possible. Dans les prochaines heures, une déclaration sera faite, possiblement par la conseillère onusienne, Stephanie Willams, en Libye en ce moment, ou par la commission électorale, qui nous éclairera plus ou moins sur l’avenir immédiat de la Libye. On saura alors si le report est sine die, ou s’il est temporaire, et dans ce deuxième cas, une nouvelle date serait donnée. Des deux hypothèses, la deuxième semble non pas la plus probable, mais la plus raisonnable. La plus conforme à la gestion d’amateur de la Libye par des puissances dont à l’évidence elle ne constitue pas le souci principal. Il faut juste espérer que les hostilités, à l’arrêt depuis octobre 2020, ne reprennent pas après cela.

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