Les citoyens sont constamment en alerte, et pour cause, le programme annoncé par la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger n’est pas respecté à la lettre.
Un décalage dans les horaires et jours d’alimentation en eau potable perdure et s’accentue, sous le sceau d’un sérieux déficit en communication.
Par Thinhinane Khouchi
Au moment où la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (Seaal) indique sur son site «Info Trav’ Eau» qu’aucune coupure n’est signalée pour certaines communes, ces dernières connaissent depuis des semaines des perturbations dans l’alimentation en eau. À titre d’exemple, la commune de Reghaia connaît une coupure totale depuis huit jours mais sur le site précité il est indiqué que «cette commune ne connaît aucune coupure». «Le robinet est à sec depuis huit jours, heureusement qu’on à deux citernes de 1 500 litres sinon pour nos voisins qui n’ont pas de citerne, c’est la galère. Hier seulement, mon voisin d’en face à acheté 500 litres d’eau à 3 000 DA», nous confie Mouloud, un retraité qui cohabite avec ses deux fils et leurs familles. Idem pour la commune de Gué de Constantine (Djasr Kasentina), une commune située dans la banlieue Sud d’Alger, où certains quartiers connaissent une coupure depuis trois jours. «C’est le même problème. On est censé avoir de l’eau un jour sur deux jusqu’à 16h00, mais on se retrouve avec une alimentation d’un jour sur quatre. Pour la tranche horaires, c’est différent à chaque fois, mais la majorité du temps nous avons de l’eau à partir de 6h30 ou 7 h, mais à 11h le robinet est de nouveau à sec», nous dira Nassim, résidant à Gué de Constantine. Même perturbation au niveau de la commune d’Alger-Centre qui vit depuis quelques jours un chamboulement dans les horaires de distribution d’eau potable. Ce non- respect des horaires de distribution touche quasiment toutes les communes de la capitale. C’est le cas de la commune de Draria, où le programme d’alimentation est complètement chamboulé. «L’eau vient et repart quand et comme ils veulent. Un jour c’est de 8 h du matin à 22 h et des fois de 5h à midi. Ce n’est pas régulier et c’est ce qui nous pousse à être en alerte constante». Malheureusement, ces perturbations et décalages horaires ne sont souvent pas signalés, ce qui dérange les citoyens. «On doit au moins être informé et le site de la Seaal doit être actualisé».
En somme, ce qui est perturbant, ce n’est pas la pénurie d’eau en elle-même, indépendante de la volonté de tous, ce sont les graves carences de communication qui ne permettent pas aux citoyens de se préparer en conséquence et de faire face aux coupures. Par ailleurs, pour ce mois de ramadhan, des promesses ont été faites à ce propos. Le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni, a affirmé, jeudi dernier, que l’alimentation en eau potable dans la capitale connaîtra une amélioration durant le mois sacré du ramadhan. Hasni a précisé à l’APN que «les capacités productives quotidiennes de la wilaya d’Alger passeront de 750 000 m3/jour à 850 000 m3/jour durant le mois de ramadhan, en attendant d’atteindre 900 000 m3/jour en été». Concernant la faible pluviométrie enregistrée en raison des changements climatiques, le ministre a indiqué que la sécheresse qu’avait connue l’Algérie l’année dernière, à l’instar de plusieurs pays du monde, était à l’origine de la baisse du niveau d’eau dans 22 barrages. Il s’agit, selon le ministre, de 5 barrages dans l’Ouest du pays, six dans le bassin du Chélif, 8 dans le Centre et 3 barrages dans la région Est. Cette situation a influé sur l’approvisionnement de la population en eau potable au niveau de 20 wilayas, 10 au Centre, 6 à l’Ouest et 4 à l’Est. Dans ce contexte, le ministre a indiqué que les eaux superficielles sont exploitées à hauteur de 50 % dans plusieurs wilayas. Et d’ajouter : «Cette situation a induit en général la réduction de la quantité d’eau produite au quotidien, passée de 9,9 millions m3/jour en 2020, lors de l’application du système de distribution 24/24h, à 9,1 millions m3/jour, soit un déficit de 800 000 m3/jour.
Perturbation dans plusieurs communes des wilayas d’Alger et Tipasa dès le 21 mars Hier, la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (Seaal) à annoncé des perturbations au niveau de deux wilayas, indiquant dans un communiqué que «l’alimentation en eau potable sera perturbée dans plusieurs communes des wilayas d’Alger et Tipasa, en raison de travaux de maintenance qui débuteront lundi 21 mars au niveau de la station de dessalement d’eau de mer de Fouka». La même source a précisé que «la société Myah Tipasa, en charge de l’exploitation de la station de dessalement de Fouka, a programmée du lundi 21 mars 2022 au jeudi 24 mars 2022 un arrêt total de l’usine, pour des travaux de maintenance préventive sur les installations de cette station». Cet arrêt engendre un déficit de production en eau potable de 120 000 m3/j, provoquant des perturbations dans l’alimentation en eau potable des communes de la wilaya de Tipasa : Douaouda, Fouka, Koléa, Chaiba, Bousmail, Khemisti, Bouharoun, Ain Tagourait et la localité Berbissa.
Les travaux programmés engendreront aussi des perturbations de l’AEP des communes de l’ouest d’Alger : la ville nouvelle de Sidi Abdellah, Staoueli, Ain Benian, Chéraga, Hammamet (en partie), la localité Bouchaoui, Zeralda, Mahelma et Souidania (en partie), a ajouté le communiqué.
T. K.