Selon José Alberto Gonzalez, journaliste du quotidien espagnol «La Verdad» et spécialiste en géographie humaine, la Croix-Rouge du royaume d’Espagne a pris en charge, sur les côtes ibériques, en 2022, 2 822 personnes provenant d’Algérie, soit dans 274 embarcations, dont 13 % étaient des mineurs et 6,9 % des femmes. Après de fortes vagues de «pateras taxi» ayant submergé les côtes du sud-ouest espagnol, cette année 2022, le volume des personnes débarquées sur le littoral européen s’est fléchi aux alentours de 30 %, indique le journal. Ceci s’illustre par les statistiques recueillies par le ministère de l’Intérieur du royaume et celui de «Cruz-Roja», lesquelles démontrent que les mafias du réseau de trafic d’êtres humains dans cette zone précisément ont amoindri leurs activités, ce qui situe le pourcentage par rapport à l’année 2020 à 38 %. Le journaliste s’appuie sur le rapport de Frontex qui précise que l’année dernière 2 813 clandestins ont été interceptés par les forces de l’ordre face à 3 932 de l’année d’avant, soit 2020. Mais «Cruz-Roja» élève ces chiffres à 2822 et 4022 respectivement. La déferlante de clandestins provenant des côtes algériennes s’est accrue avec la crise sanitaire de Covid-19, allant jusqu’à tripler le nombre par rapport à 2020. Cette année, précise JA Gonzalez,
4 564 sujets ont été pris en charge à leur arrivée. Ce fléchissement s’explique par la forte pression policière exercée sur les réseaux mafieux et aussi leur neutralisation. Des 274 embarcations interceptées à Cartagena, indique le quotidien, 13 % soit 385 jeunes de moins de 18 ans et plus d’une centaine sont des enfants et 6,9 % des femmes. Dans ce contexte les autorités ont été contraintes de prendre en charge 250 mineurs non accompagnés. En 2021, 479 mineurs dont 303 non accompagnés et en 2020, 615 mineurs dont 474 sans l’accompagnement d’un tuteur. Ajoutés à cela 12 femmes enceintes et autres sujets aussi vulnérables tels 14 bébés en lactation et 5 personnes à mobilité réduite. Parmi ces groupe, précise le journal, 243 assistances médicales ont été effectuées et 8 transferts en urgences médicales. Pour ce qui des morts et des disparus, le ministère de l’Intérieur et la «Cruz-Roja» n’ont pas souhaité donner des chiffres, selon ce rapport de «La Verdad». Cependant, l’organe «Salvamento Maritimo» indique que sur les côtes de la communauté de Murcia, soit en San Pedro del Pinatar, la Manga y Cabo de Palos, Calblanque, la Manga, Pilar de la Horadada et Torrevieja , bien des naufrages ont eu lieu et des cadavres d’adultes et d’enfants ont été repêchés. Enfin, le journaliste revient sur la cause principale du recul des chiffres des candidats à l’émigration clandestine en révélant que la Brigade des étrangers de la Police nationale espagnole a mis hors d’état de nuire un réseau de 60 passeurs (pateristas) durant ces deux dernières années. Toutefois, ce fléchissement peut avoir d’autres causes. Partant des conditions de la «harga», certains avancent que les réseaux internationaux de passeurs d’émigrés clandestins œuvrent à empêcher les passages hors leur système établi, menaçant de mort les candidats à la «harga» classique. D’un autre côté, si les candidats utilisaient le système établi par les mafieux, un passage par «tropico» n’est pas, financièrement, à la portée de tous ceux qui désireraient traverser la Méditerranée. Sans oublier que, du côté de l’Algérie, l’étau s’est drastiquement resserré sur le fléau.
Lotfi Abdelmadjid