16.9 C
Alger
dimanche 28 mai 2023

Emigration clandestine Le drame du «Tropico 81»

Cette fin de semaine, le quotidien national espagnol «El Pais» a fait état de trois arrestations de clandestins algériens accusés d’avoir jeté à la mer deux cadavres lors de la traversée Oran-Almeria, appelés les homicides du «Tropico 81». Selon ce qu’indique le journal, une vingtaine de clandestins ont embarqué sur une plage des environs d’Oran pour un voyage vers les côtes d’Almeria. Sans eau potable, sans nourriture et sans gilets de sauvetage, les clandestins ont tenté l’aventure à bord d’une embarcation de type semi-rigide «zodiac». Partis des terres algériennes sur cette route la plus fréquentée de transit vers la péninsule ibérique. Une navigation en Méditerranée d’un trajet de 130 miles nautiques, l’équivalent de 220 km, qui pourrait durer trois heures si les conditions sont favorables. Mais cela n’a pas été le cas, rapporte le quotidien, car une fois en pleine mer, les candidats à l’émigration furent surpris par de fortes vagues atteignant jusqu’à quatre mètres de haut qui ont terminé par inonder l’embarcation. Cette dernière partait à la dérive pour plus de 36 heures. Cela s’est soldé par la mort de deux personnes, dont les cadavres ont été balancés par dessus bord. Suite à ces faits tragiques, le journal relate que trois Algériens furent arrêtés pour des délits contre les droits de citoyens étrangers et d’homicide imprudent. Selon Nacho Sanche le journaliste, ces derniers ont été mis en détention provisoire à cause de leur relation avec les morts de l’embarcation 81. Le journal assure, selon des sources policières, que l’eau commençait à inonder l’embarcation, le moteur s’arrête en panne sèche et face à l’absence de moyens de sécurité plusieurs d’entre les clandestins ont paniqué au moment où succombait un des passagers. Ce dernier fût immédiatement jeté à la mer pour se débarrasser de son poids et éviter ainsi les poursuites pénales. La tâche de sauvetage durant la dérive était ardue, car il fallait pomper l’eau pour éviter le naufrage. Pendant plusieurs heures au soleil, les témoins de la tragédie attestent avoir bu l’eau de mer pour étancher leur soif. Il est indiqué qu’il est suspecté que la seconde personne soit morte pour avoir ingurgité beaucoup d’eau salée. Mais le cadavre a également été jeté à la mer. Par ailleurs, «El Pais» informe que la route algérienne est une des plus habituelles pour l’émigration irrégulière. Cette dernière, ajoutera le quotidien, est dominée par des organisations mafieuses qui touchent des milliers d’euros pour des traversées relativement rapides et sécurisées. Il affirme que ces dernières, en général, font demi-tour une fois les plages atteintes afin de ne pas perdre l’embarcation. Mais cette fois-ci, le voyage s’est transformé en drame avec la mort de deux personnes, trois prisonniers et certains hospitalisés pour brûlures causées par l’essence et le soleil lors de la dérive. Il est aussi affirmé que durant l’année 2022, 3 911 personnes ont débarqué sur les côtes d’Almeria, presque la moitié de l’année antérieure. Ce qui a fait chuter les chiffres à moins de 23 % sur l’ensemble de la péninsule. Mais la «harga» continue de plus belle car même avec les «Tropico» le drame ne cesse pas.

Lotfi Abdelmadjid

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img