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vendredi 19 avril 2024

Émergence

Si tous les sondages sur l’élection présidentielle française de 2022 semblent annoncer un nouveau duel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron au second tour, certains commentateurs politiques appellent à la prudence et rappellent que personne dix-huit mois avant le scrutin de 2017 ne pouvait imaginer l’irruption de l’actuel président français dans la course à l’Élysée et encore moins sa victoire. Et si du côté de La République En Marche aucun autre candidat que Macron n’est, pour le moment, à envisager, du côté du Rassemblement National certains appellent à proposer un nouveau candidat pour 2022. Une frange des cadres et partisans du RN a même ces dernières années mis le nom de Marion Maréchal Le Pen en avant comme une possible candidate à la présidentielle. Et si la jeune femme a plusieurs fois assuré ne pas être intéressée par cette éventualité, cela a suffi à créer de profondes dissensions entre elle et sa tante. En effet, entre Marion Maréchal et Marine Le Pen, la rupture semble consommée. La présidente du RN, candidate déjà déclarée à l’Élysée, «ne peut pas gagner seule» à la présidentielle et doit faire un «effort d’ouverture» vers les déçus de LR, a estimé sa nièce cette semaine. L’ancienne élue du Vaucluse (FN) semble revenir dans le débat politique à l’occasion d’une rentrée très médiatique, même si elle a redit qu’à ce jour elle n’avait pas «envie du tout» de briguer l’Élysée ou de se présenter à un quelconque scrutin. Marion Maréchal a quitté la politique électorale depuis l’échec de sa tante à la présidentielle de 2017 pour diriger une école de sciences politiques à Lyon et mener une «bataille culturelle» des idées. La petite-fille du cofondateur du parti de Jean-Marie Le Pen s’est aussi éloignée du RN, n’ayant pas repris sa carte cette année. Pour autant, elle ne «compte pas se mettre au service d’un candidat à la présidentielle», y compris sa tante, et juge «impossible de prédire l’affiche du second tour», alors que Marine Le Pen est donnée au second tour, selon de récents sondages. Une distanciation qui ne l’empêche pas de prodiguer des conseils à chaque interview. Elle suggère au RN de construire des «passerelles» vers Les Républicains qui ne souhaitent pas de rapprochement avec Emmanuel Macron, et aux déçus de LR de créer une «espèce de mouvement» pour la présidentielle. Marion Maréchal assure ne pas être «en guerre» contre le RN, mais elle n’a pas digéré la mise à l’écart de plusieurs de ses proches au sein de la commission nationale d’investiture du RN, dénonçant une «espèce de tendance un peu stalinienne» d’élus pour qui «tu dois tout au parti et le parti ne te doit rien». De quoi faire froncer les sourcils au RN, où plusieurs dirigeants l’ont invitée à reprendre le «combat électoral». «Il n’y a ni croisade ni chapelle au Rassemblement national», a assuré, dimanche, Marine Le Pen, en l’invitant à revenir «travailler avec» le RN. Ces divisions et ces joutes médiatiques qui tiraillent aujourd’hui le parti de droite, le Rassemblement National refusant l’étiquette d’extrême-droite, pourraient aussi favoriser l’émergence d’une nouvelle personnalité capable de rassembler non seulement les électeurs du RN mais également les électeurs de droite déçus par le virage vers le centre effectué par Les Républicains depuis la dernière présidentielle. Car malgré des sondages favorables, beaucoup de personnalités de droite «radicale» estiment que Marine Le Pen n’a aucune chance d’accéder à l’investiture suprême et que sa candidature en réalité ne fera que participer à ce qu’Emmanuel Macron remporte un second mandat à la tête de la France.

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