Après le début de la guerre en Ukraine, beaucoup d’enseignes occidentales avaient décidé, pour protester contre l’invasion russe du territoire ukrainien, de se retirer de Russie, fermant parfois des centaines de leurs succursales, comme ce fut le cas pour l’américain McDonalds qui a dû renoncer à ses 850 établissements. Toutefois, certains groupes ont fait de la résistance et ont refusé de suivre le mouvement démagogique qui a fait perdre leurs emplois à des dizaines de milliers d’employés innocents tout en entrainant des pertes financières colossales. Le distributeur français Auchan fait partie de ceux qui ont décidé de continuer leur activité en Russie après l’invasion de l’Ukraine. Mais une enquête du quotidien Le Monde, publiée hier, indique que le groupe « semble contriuer à l’effort de guerre russe ». « Nous sommes très surpris », a réagi la direction du groupe, propriété de l’Association familiale Mulliez, auprès de l’AFP. « Nous sommes en train de vérifier les éléments affirmés, mais, à date, les éléments en notre possession ne corroborent pas » l’enquête, poursuit-elle. Selon des documents obtenus par le quotidien, le site d’investigation The Insider et l’ONG Bellingcat, Auchan a livré gratuitement des marchandises à l’armée de Vladimir Poutine. L’enquête évoque notamment un chargement d’une valeur de 2 millions de roubles (environ 25 000 euros) qui aurait été offert gratuitement par Auchan. Selon Le Monde, une contrôleuse de gestion, Natalya Z., avait établi une liste de matériel le 15 mars 2022 dans un e-mail envoyé « à une vingtaine d’employés dans plusieurs magasins à Saint-Pétersbourg, dans l’ouest de la Russie, dans le but de « collecter les dons de l’aide humanitaire” ». Elle comprenait « des milliers de cigarettes, des chaussettes en laine taille 43 ou 44, des cartouches de réchauds à gaz, du ragoût de porc en conserve, des haches et des clous, le tout provenant du stock de l’enseigne », poursuit le quotidien. La direction du groupe relève que « les seuls éléments apportés datent de mars 2022 », soit quelques semaines après le déclenchement du conflit, et que dans ce cas « les interlocuteurs qui ont passé commande étaient des interlocuteurs habituels, qui nous avaient déjà passé commande préalablement ». « Nous ne finançons et participons de façon volontaire et active à aucune collecte destinée aux forces russes », poursuit la direction. Le 5e distributeur alimentaire en France en parts de marché (derrière E.Leclerc, Carrefour, Intermarché et Système U) était implanté de longue date en Ukraine comme en Russie où il réalisait avant la guerre un dixième de ses ventes totales. Une autre enseigne de la galaxie Mulliez, Leroy Merlin, y est également très présente au point de dominer le marché du bricolage en Russie. Lors de la publication de ses résultats du 1er semestre 2022, en août, Auchan avait indiqué avoir enregistré en Russie un « ralentissement marqué » de son activité commerciale, assurant que cette activité s’y fait « en autonomie maximale et dans le strict respect de l’embargo européen ». Reste que cette enquête veut faire un tort considérable à l’image du groupe français, qui est accusé, non rien de moins, que de ‟collaboration” avec la Russie. Il faudra voir si la lourde accusation du quotidien aura une incidence sur le groupe en France et sur la fréquentation de ses supermarchés, ou si les français, plus préoccupés par leur pouvoir d’achat et par la réforme des retraites qui se discute au Parlement, continueront de garder leurs habitudes intactes.