Si les manifestations à Cuba contre le régime communiste se sont nettement essoufflées ces derniers jours, la «fermeté» du gouvernement cubain contre les manifestants arrêtés ne faiblit pas. Une attitude que dénoncent sans surprise les États-Unis qui ont pris cette semaine des sanctions contre la police cubaine, et Joe Biden, sous pression sur ce sujet politiquement brûlant, promet que d’autres mesures suivront à moins d’un changement «drastique» à Cuba. Interrogé sur des sanctions supplémentaires, le président américain a répondu, en marge d’une réunion à la Maison-Blanche avec des représentants dAméricains d’origine cubaine : «Il y en aura d’autres, à moins d’un changement drastique à Cuba, ce que je n’attends pas». Les États-Unis ont sanctionné vendredi deux hauts responsables de la police cubaine, ainsi que l’ensemble de la Police nationale révolutionnaire pour leur participation à la répression des récentes manifestations contre le gouvernement cubain, a annoncé le département du Trésor. Le directeur de la PNR, Oscar Callejas Valcarce, et le directeur-adjoint, Eddy Sierra Arias, qui sont accusés de «graves violations des droits humains», sont ajoutés à la liste noire des États-Unis. Leurs éventuels avoirs aux États-Unis seront gelés et l’accès au système financier américain leur est dorénavant barré. «Le Trésor continuera de sanctionner et d’identifier par leurs noms ceux qui facilitent les graves violations des droits humains du régime cubain», a noté la directrice de la principale unité du Trésor chargée des sanctions, Andrea Gacki. «Les mesures prises aujourd’hui sont destinées à faire rendre des comptes à ceux qui sont responsables de la répression des appels du peuple cubain à la liberté et au respect des droits humains», a-t-elle ajouté. Cuba, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a dans la foulée rejeté «fermement» l’inclusion de la PNR et de ses deux responsables sur des listes jugées «fallacieuses». «Ces mesures arbitraires s’ajoutent à la désinformation et à l’agression pour justifier un blocus inhumain contre Cuba», a écrit le ministre sur Twitter, en référence à l’embargo de Washington envers l’île depuis 1962. Mais Joe Biden s’est trouvé sous une pression croissante de la part du Congrès et de l’importante communauté des Américains d’origine cubaine pour prendre des mesures plus concrètes. Le Trésor a donc annoncé le 22 juillet une première série de sanctions financières ciblées contre le ministre cubain de la Défense, Alvaro Lopez Miera, et les «bérets noirs», une unité spéciale du ministère de l’Intérieur déployée lors des manifestations. Mais l’impact de ces sanctions, qui viennent s’ajouter à celles, beaucoup plus générales, qui visent déjà l’île des Caraïbes depuis des décennies, est très limité, d’autant que le ministère de l’Intérieur dans sa globalité était déjà sur la liste noire américaine. «Nous entendons vos voix. Nous entendons les appels à la liberté», a dit vendredi le président américain, condamnant une nouvelle fois «le régime communiste (de Cuba) qui a échoué». Mais si le président américain veut rassembler derrière ces mesures, il aura du mal à convaincre les républicains, qui n’ont de cesse de lui rappeler les tentatives significatives de rapprochement avec La Havane qu’avait entrepris Barack Obama lors de son second mandat à la Maison-Blanche. Reste à voir surtout si ces mesures auront un quelconque impact sur la politique cubaine que le Président Miguel Díaz-Canel, en poste depuis trois ans seulement après le règne de plus de quarante ans des frères Castro, pourrait pourquoi pas décider d’infléchir au profit du peuple cubain.