Comme à l’accoutumée, à l’approche de chaque fête religieuse les prix des produits
de large consommation enregistrent des augmentations vertigineuses. Sans surprise, la flambée est au rendez-vous en cette veille de Mouloud.
Par Meriem Benchaouia
Depuis quelques jours, allant crescendo à mesure que la fête approche, les différents points de vente de viande blanche sont pris d’assaut par des citoyens venus s’approvisionner en cette denrée qui est un des ingrédients principaux des plats traditionnels préparés en cette occasion par nos maîtresses de maison. «Tous nos plats préparés pour cette fête sont à base de poulet, donc on ne peut pas s’en passer, malgré sa cherté», nous dit une dame. En effet, le coût du poulet connaît une augmentation remarquable ces jours-ci, au grand dam des ménages à faible revenu, passant de 380 à 480 dinars le kilo en l’espace de quelques jours. C’est du moins le constat établi à l’issue d’une virée effectuée hier dans plusieurs marchés d’Alger, où la viande blanche s’affiche entre 450 et 480 dinars/kg sur les présentoirs des boucheries. Selon des informations recueillies auprès des bouchers, cette hausse est due à l’augmentation de la demande. De leur côté, les éleveurs expliquent cette flambée par la baisse de la production du poulet de chair et aux difficultés que rencontrent les petits producteurs qui ont pour habitude d’alimenter le marché local. Les commerçants, sans aucun scrupule, profitent de la forte demande pour s’adonner à la spéculation, en dépit de tous les engagements pris par les autorisés concernées de diminuer ou garder en l’état, pour certains, les prix de ces produits. «C’est désormais devenu une tradition chez les commerçants algériens», a estimé un père de famille. «Les fêtes religieuses en Algérie riment avec hausse des tarifs. C’est connu depuis longtemps. C’est devenu l’occasion propice pour les vendeurs de doubler leurs marges bénéficiaires», a ajouté notre interlocuteur. Si certaines personnes qualifient cette flambée de «normale» à la veille de chaque événement religieux, nombreux sont ceux qui accusent les «vendeurs véreux» qui n’ont en fin de compte qu’un seul souci : le gain rapide et facile. La multiplication d’intermédiaires est aussi à l’origine de cette flambée, affirment certains détaillants. Un des vendeurs nous a affirmé que tout se passe au marché de gros. Notre interlocuteur nous a expliqué qu’il a eu du mal à s’approvisionner au marché de gros et n’a pu l’acquérir qu’au prix de 430 DA le kilo, accusant l’absence de toute surveillance de la part du ministère du Commerce. Les clients, courroucés par ces augmentations vertigineuses, dénoncent l’attitude peu scrupuleuse de certains commerçants. «Les commerçants profitent de ces occasions pour s’enrichir au détriment du consommateur, déjà épuisé par tant de dépenses. Je profite de cette occasion pour dénoncer l’absence totale des contrôleurs du ministère du Commerce qui n’assurent pas leur rôle de contrôler les prix», dénonce Salim, un septuagénaire rencontré au marché de Meissonier. Approché, un père de famille dira : «Quand le citoyen va au marché, il reste stupéfait. Comment un simple fonctionnaire peut vivre ou nourrir ses enfants ?» Selon lui, «cette situation est due à l’absence de contrôle. On apprend par-ci par- là que l’Etat a mis en place des cellules de lutte contre la fraude, mais la réalité est qu’il n’y a pas de suivi sur le terrain puisque les commerçants n’en font qu’à leur tête». Une autre femme témoigne : «La situation est déplorable, car on est en train de survivre et l’Etat ne fait rien pour y remédier». Les citoyens espèrent que les services concernés relevant de la Direction du commerce effectueront un contrôle rigoureux des prix qui ont dépassé le pouvoir d’achat du simple citoyen.
M. B.