Les résultats des élections locales, annoncés mardi, renseignent sur la constance de la configuration de la carte politique du pays. Si le FLN, le RND, suivis par des indépendants et quatre autres partis ont glané le plus de sièges, ces mêmes formations sont toutefois appelées à se départager un grand nombre d’APC et la totalité des APW faute de majorité absolue. Les représentants des listes partisanes et indépendantes devraient composer les uns avec les autres, faire des concessions et mener une autre bataille pour constituer l’exécutif communal. Une tâche qui est loin d’être une sinécure et qui risque de déboucher sur des blocages. La spécificité de la joute électorale du 27 novembre dernier est incontestablement le grand nombre de communes où aucune liste n’a obtenu de majorité claire ou même relative. Autrement, c’est aux candidats ayant obtenu des sièges de se conformer à la loi et d’élire un maire. Cet exercice concerne un grand nombre de partis en lice pour les locales. En fait, selon les résultats préliminaires rendus publics par Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), le FLN a obtenu 5 978 sièges, avec une majorité absolue dans 124 communes et une majorité relative dans 552 autres, le RND a glané 4 584 sièges, majoritaire dans 58 APC et ne dispose que d’une majorité relative dans 331 Assemblées. Idem pour les indépendants qui sont parvenus à arracher 4 530 sièges, avec une majorité absolue dans 91 APC et relative dans 344 autres. Les partis Front El Moustakbel, El Bina et le MSP ainsi que bien d’autres sont concernés par cette situation. Si le jeu des alliances se déroule avec célérité et pragmatisme dans certaines communes, il se heurte toutefois à des blocages dans bien d’autres. Un blocage qui, souvent, porte préjudice aux habitants des municipalités concernées et compromet le bon fonctionnement et le développement local. Mais le fait nouveau n’est autre que l’absence de majorité dans la totalité des 58 APW du territoire national.
Faut-il, par ailleurs, souligner que la nature des alliances nouées au niveau local n’a rien à voir avec les lignes politiques des partis et généralement aucune instruction n’est donnée par les directions nationales quant aux choix à adopter. Ainsi, voir un parti d’opposition tel que le FFS s’allier au FLN ou au RND n’est point étonnant. Il faudrait même s’attendre à des alliances entre élus de partis aux idées divergentes, voire opposées, tels que les démocrates et les islamistes. Le plus important étant de parvenir à une majorité claire, permettant à l’un des deux partis les mieux classés d’avoir 50 % et une voix afin de diriger l’Assemblée locale. En attendant de connaître le nombre d’APC et d’APW qui reviendront aux uns et aux autres, il est à affirmer qu’aussitôt sortis de la bataille électorale, les candidats élus sont appelés à mener une autre bataille parfois beaucoup plus rude et compliquée.
Aomar Fekrache