La Turquie va finalement connaître un deuxième tour d’élection présidentielle. Après le premier tour de dimanche, il va falloir attendre le 28 mai pour départager le président Recep Tayyip Erdogan et son rival, Kemal Kiliçdaroglu.
En fait, les résultats du scrutin présidentiel ont été annoncés, hier, en milieu d’après-midi. Le président en exercice a recueilli 49,5 % des voix, contre 44,9 % pour son principal opposant social-démocrate. Dimanche, les électeurs turcs se sont massivement pressés aux urnes, avec un taux de participation provisoire frôlant les 90 %, ont rapporté des médias. C’est la première fois que le chef de l’État est contraint à se présenter une deuxième fois devant les électeurs, faute d’avoir réuni 50 % des voix.
Pas tout à fait une victoire, mais certainement pas une défaite pour Recep Tayyip Erdogan, à la tête du pays depuis vingt ans, qui s’est affirmé convaincu devant une marée de partisans exultants au cœur de la nuit «de servir encore son pays pendant cinq ans».
Même confiance affichée par son rival, qui a promis à son camp qu’il allait «absolument gagner au second tour», faisant valoir «le besoin de changement dans la société».
Au soir d’une élection qui a vu une mobilisation sans précédent de l’électorat, malgré la crise et trois mois après le séisme dévastateur du 6 février, Erdogan a affirmé être «clairement en tête» de la présidentielle, mais prêt à «respecter» un second tour s’il est nécessaire. «Nous ne savons pas encore si l’élection est terminée avec ce premier tour, mais si le peuple nous emmène au second tour, nous le respecterons», a-t-il promis.
Face à lui, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, un ancien haut fonctionnaire de 74 ans qui emmenait une coalition inédite de six formations de l’opposition, était donné régulièrement en tête par les instituts de sondage, même d’une courte tête. Mais selon les résultats portant sur 95 % des bulletins, il totalisait tout juste 45 % des voix à 03h30 hier (00h30 GMT), selon l’agence officielle Anadolu.
Forte mobilisation Il est à rappeler que les deux principaux candidats avaient déposé leur bulletin dans l’urne dimanche à la mi-journée, à l’occasion d’un scrutin serré qui a drainé, depuis l’ouverture des bureaux, de longues files d’attente à travers le pays.
Arrivé à la mi-journée dans son bureau de vote d’Üsküdar, quartier conservateur sur la rive asiatique d’Istanbul, Erdogan, les traits fatigués, a souhaité «un avenir profitable au pays et à la démocratie turque», soulignant «l’enthousiasme des électeurs», en particulier dans les zones affectées par le séisme du 6 février qui a fait au moins 50 000 morts. Sans faire le moindre pronostic, il a indiqué qu’il suivrait les résultats attendus dans la soirée «depuis Istanbul». Peu auparavant, le principal candidat de l’opposition avait été le premier des deux à déposer son bulletin à Ankara : «La démocratie nous a manqué», a déclaré le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, tout sourire. «Vous verrez, le printemps va revenir dans ce pays, si Dieu le veut, et il durera pour toujours», a-t-il ajouté en reprenant un de ses slogans de campagne.
Polarisés entre le président Erdogan, 69 ans, au pouvoir depuis vingt ans, et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, à la tête d’un parti social-démocrate et laïc CHP, les électeurs avaient voté en masse. «Ce qui compte, c’est de ne pas diviser la Turquie», commente Recep Turktan, 67 ans, qui patiente devant son bureau à Üsküdar, cité par des médias. Au total, 64 millions d’électeurs, qui éliront aussi leur Parlement, étaient inscrits dans près de 200 000 bureaux à travers ce pays de 85 millions d’habitants, traditionnellement assidu aux urnes avec des taux de participation supérieurs à 80 %. Les électeurs devaient choisir les 600 députés qui siégeront au Parlement monocaméral à Ankara. Recep Tayyip Erdogan en a revendiqué «la moitié» pour son camp. En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l’État l’avait emporté au premier tour avec plus de 52,5 % des voix.
Massi S./Agences
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