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vendredi 19 avril 2024

Efficacité

La France, jadis fournisseur d’électricité de l’Europe, fait l’expérience aujourd’hui pour la première fois de coupures de courant et de hausses exponentielles des prix de l’énergie. Une conséquence de la politique lancée par le président socialiste François Hollande qui a décidé lors de son mandat de sortir graduellement son pays du nucléaire, pourtant fleuron de l’industrie hexagonale. Emmanuel Macron a dans son premier quinquennat continuer cette politique, mais commence, au vu des conséquences catastrophiques occasionnées, à rétropédaler maladroitement. Henri Proglio, ex-direteur d’EDF, écarté de son poste par François Hollande au profit de Jean-Bernard Levy, alors jugé plus en phase avec les projets de décroissance nucléaire du gouvernement, était auditionné cette semaine devant les députés français et n’a pas maché ses mots, accusant l’Union Européenne et Paris d’avoir saccagés le système électrique français. Lorsqu’il prend la tête de l’entreprise publique « au début du XXIe siècle », raconte-t-il, « EDF est exportateur d’énergie, a les prix les moins chers d’Europe (deux fois et demie moins chers que l’Allemagne) et un contrat de service public qui fait référence dans le monde, et donne à la France un atout formidable en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Il n’y avait plus qu’à tout détruire : c’est chose faite ! » Durant son audition l’ex-directeur dresse un terrible tableau. Il accuse l’Europe, d’abord, accusée d’avoir délibérément ruiné, sous la pression de l’Allemagne, le potentiel français. « L’Allemagne a choisi l’industrie comme axe majeur de son économie, puis a tenté les énergies renouvelables. Cela s’est terminé par un désastre absolu, les énergéticiens allemands étaient ruinés, totalement vulnérables », détaille l’ancien patron d’EDF. « Comment voulez-vous que ce pays accepte que la France dispose d’un outil compétitif aussi puissant qu’EDF à sa porte ? L’obsession allemande depuis trente ans, c’est la désintégration d’EDF. Ils ont réussi. » Avec la complicité de l’Europe et des gouvernements français. La loi Nome, votée en 2010, durant le mandat de Nicolas Sarkozy, qui imposait à EDF de subventionner ses concurrents en leur vendant à prix cassé un quart de son électricité ? « Une mesure inique, destinée à casser EDF et prise sous la pression bruxello-allemande », dénonce-t-il. L’ignorance des données scientifiques et des enjeux industriels par la classe politique sourd de chaque intervention. « D’où vient l’objectif de réduire la part de nucléaire à 50 % du mix électrique ? » demande le président (LR) de la commission, Raphaël Schellenberger. « Pourquoi ce chiffre ? » Réponse de Proglio, lapidaire : « C’est complètement au doigt mouillé. Totalement ! Personne n’a jamais estimé autrement que comme ça. On n’a d’ailleurs jamais su d’où viendraient les autres 50 %. » Des énergies renouvelables, peut-être ? « Les Allemands ont investi plus de 500 milliards dans les énergies renouvelables, on en voit l’efficacité. » Henri Proglio pour expliquer les choix allemands révèle le teneur d’une conversation qu’il aura, au cours de son mandat, avec la chancelière allemande Angela Merkel. « Elle m’a dit qu’elle croyait totalement au nucléaire. Mais elle devait bâtir un accord de coalition avec les Verts conservateurs. Elle me l’a dit : elle a lâché le nucléaire pour des raisons politiques ! » « L’Allemagne est consciente de ses propres enjeux et de ses propres intérêts. » Contre « le sacrifice d’EDF », la France, elle, « n’a rien négocié ». Cette audition de Proglio, au moment même où les français expérimentent les coupures de courant et des diètes énergétiques n’est pas faite pour arranger la popularité d’Emmanuel Macron, déjà au plus bas. Et si ce dernier tente depuis une année de rectifier le tir en lançant de nouveau projets de centrales nucléaires, cela n’effacera pas l’amateurisme et la légèreté avec lequel ce dossier vital a été traité ces dix dernières années et alors même que certains responsables politique de premier plan continuent, contre vents et marées, à soutenir la politique du « tout sauf nucléaire ».

 

 

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