La bulle «Zemmour» va-t-elle finir par exploser ou le journaliste a-t-il une véritable chance de percer lors de la prochaine élection présidentielle française ? Le dernier sondage publié sur le scrutin d’avril prochain indique en tout cas que loin de stagner ou de faiblir, la dynamique derrière une possible candidature d’Éric Zemmour ne cesse de se renforcer. Alors que le polémiste n’a toujours pas officiellement déclaré sa candidature, il est désormais en bonne position pour se qualifier au second tour face à Emmanuel Macron, selon un sondage Harris Interactive publié par Challenges hier. Depuis le dernier sondage, il progresse de quatre points et enregistre 17 % des intentions de vote, devançant Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement National (15 %, -13 points depuis l’été). C’est donc lui qui affronterait Emmanuel Macron, crédité de 24 % au premier tour, si la présidentielle avait lieu cette semaine. L’auteur à succès, dont le dernier livre se vend par dizaines de milliers, a plus que doublé son score en moins d’un mois, devançant chaque semaine un nouveau prétendant à l’Élysée. «Jamais nous n’avions assisté à une ascension aussi fulgurante en si peu de temps», insiste Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive. Selon lui, «on assiste à l’effondrement du cœur même de l’électorat de Marine Le Pen». Alors qu’elle parvenait à conserver une bonne partie de son électorat de 2017, les transferts en direction d’Éric Zemmour se sont accélérés, dans un phénomène de vases communicants. La défaite de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron est un souvenir encore frais pour un noyau qui, rapidement, se fait à l’idée de présenter un nouveau champion pour augmenter ses chances en 2022. S’il grappille des intentions de vote au Rassemblement National, Éric Zemmour donne aussi bien un coup de frein au décollage de la campagne de la droite. Ainsi, Xavier Bertrand, toujours le mieux placé à droite, ne progresse pas et perd même un point, à 13 % d’intentions de vote. Selon cette étude, Éric Zemmour obtiendrait également 17 % face à Valérie Pécresse (11 %), et 18 % face à Michel Barnier (7 %). À gauche, Jean-Luc Mélenchon est en pole position avec 11 % devant Jadot et Hidalgo, crédités de chacun 6 % des voix. Quant au second tour, Éric Zemmour semble bénéficier d’un fort désengagement des électeurs de gauche (51 % des écologistes et insoumis ne choisiraient pas entre Zemmour et Macron) et de l’attrait de certains électeurs de droite. Le journaliste enregistre 45 % des intentions de vote face à Emmanuel Macron au second tour. Reste à voir si ces scores là resteront constants jusqu’au premier tour de la présidentielle, ou si d’ici là les électeurs se tourneront vers des candidats plus traditionnels et expérimentés, échaudés par le quinquennat d’Emmanuel Macron, lui aussi novice en politique, qui leur avait promis monts et merveilles et qui leur a servi le pire mandat présidentiel de la Ve République.
F. M.