Il y a six ans, les États-Unis et Israël connaissaient leur plus grand désaccord après que Barack Obama ait réussi, après des années de négociations, à mettre en place l’Accord sur le nucléaire iranien. Les autorités israéliennes avaient alors fortement critiqué la position de la Maison-Blanche et tenté d’exercer de nombreuses pressions pour que le président démocrate renonce à son projet de rapprochement avec Téhéran. Benyamin Netanyahu avait même été jusqu’à se rendre au Congrès américain pour y prononcer un discours appelant les parlementaires à la défiance vis-à-vis de Barack Obama. Aujourd’hui, après que Donald Trump ait retiré son pays de cet Accord et après que Joe Biden ait fait du dialogue avec l’Iran l’une de ses promesses de campagne, la situation est au point mort. Une situation qui satisfait toutefois les autorités israéliennes, toujours hostiles à l’Accord sur le nucléaire iranien. Le nouveau chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, a en effet fait part à son homologue américain, cette semaine, lors d’une première rencontre à Rome, des fortes réserves de l’État hébreu concernant les négociations avec Téhéran, tout en souhaitant un dialogue renforcé avec Washington. Yaïr Lapid, architecte de la coalition ayant mis fin au règne de Benyamin Netanyahu, devrait devenir Premier ministre ultérieurement. Israël continue à s’opposer à l’Accord de Vienne, qui a contraint Téhéran à réduire son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions internationales. Mais les autorités iraniennes se sont affranchies de certains engagements après le retrait américain de 2018. «Israël a de fortes réserves concernant l’accord sur le nucléaire iranien en négociation à Vienne», a déclaré Yaïr Lapid, en ouverture de son entretien avec Antony Blinken. Mais il a également dit vouloir régler les écarts de vue avec Washington dans les coulisses, en rupture avec l’ex-Premier ministre Benyamin Netanyahu. «Nous pensons que ces différences doivent être discutées dans des échanges directs et professionnels», a-t-il dit. Yaïr Lapid, devenu chef de la diplomatie israélienne le 13 juin avec le nationaliste Naftali Bennett comme Premier ministre, a accusé Netanyahu d’avoir mis en danger le soutien indéfectible des États-Unis en se rangeant derrière le parti républicain de Donald Trump. «Ces dernières années, des erreurs ont été commises. Nous allons corriger ces erreurs», a assuré Lapid. Reste à voir comment l’administration Biden va gérer ces tentatives de dialogue avec Téhéran sous la pression des autorités israéliennes, qui loin du forcing insensé et finalement contre-productif de Netanyahu en 2015, continuent néanmoins d’essayer d’intervenir pour convaincre les Américains d’abandonner l’Accord sur le nucléaire iranien. Au final, les négociations entre Téhéran et Washington semblent néanmoins si mal engagées que les Israéliens semblent sur le point d’obtenir ce qu’ils veulent, tant Américains et Iraniens semblent incapables de dialoguer et de trouver une dynamique leur permettant de s’entendre sur une reprise de leur accord de 2015.