Le président sortant Emmanuel Macron et la présidente du Rassemblement national (RN, extrême droite) sont qualifiés au second tour de la présidentielle française. Les deux candidats ont obtenu respectivement 28,1 % et un peu plus de 23,3 % au premier tour qui s’est déroulé dimanche.
Par Meriem Benchaouia
Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront le 24 avril au second tour de l’élection présidentielle, avec l’avantage au président sortant, sans certitude toutefois sur leurs réserves de voix après l’écroulement de LR et du PS à l’issue du premier tour dimanche. Alors que les sondages donnaient Emmanuel Macron talonné par Marine Le Pen, le président sortant réaliserait un meilleur score que prévu, entre 28 % et 29 % des suffrages, selon les estimations, devant la candidate du RN, créditée de 22 à 24 %. Mais le second tour s’annonce serré, selon les enquêtes parues dimanche soir, qui voient toutes M. Macron reconduit mais d’une courte tête, loin de son score de 2017 (66,1 % – 33,9 %). Après des mois d’une campagne atypique et peu mobilisatrice, l’abstention a été plus élevée qu’il y a cinq ans, entre 26 et
28 % contre 22,23 % en 2017, selon les instituts de sondage. Avec la troisième place de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon (autour de 21%), ce scrutin confirme la relégation des deux partis ayant gouverné la France de la Ve République jusqu’en 2017, qui réalisent le pire score de leur histoire : Valérie Pécresse (LR) autour de 5 % des suffrages, seuil de remboursement des frais de campagne, et Anne Hidalgo (PS) avec moins de 2 %.
Appel au barrage
Immédiatement, de nombreux candidats éliminés ont appelé à faire barrage à Mme Le Pen, dont M. Mélenchon. «Il ne faut pas donner une seule voix à Marine Le Pen», a-t-il répété. Communistes, socialistes, écologistes ont fait les mêmes appels, de même que la candidate de la droite, Valérie Pécresse. Pour autant, la portée de ces appels reste incertaine, tant l’abstention est forte chez les Français, et la personnalité d’Emmanuel Macron parfois clivante chez certains électeurs de gauche. Le président va devoir «aller chercher les électeurs de gauche et écologistes un par un», a mis en garde une cadre du parti écologiste Les Verts, Sandrine Rousseau. Sinon, «vous ne passerez pas». Malgré ce front auquel elle fait face, Marine Le Pen, qui avait été défaite par Emmanuel Macron en 2017, n’a jamais semblé aussi proche d’une possible victoire selon les sondages réalisés avant l’élection qui la donnent perdante de très peu, dans la marge d’erreur.
Loin derrière, Eric Zemmour pour Le Pen
Eric Zemmour, quatrième, finit loin derrière avec 7,2 %. Il a promis de rester dans le paysage politique français. «Je prends chacune de vos voix comme le cri d’un peuple qui ne veut pas mourir», a déclaré Eric Zemmour après l’annonce des résultats. «Le fait que vous ayez été deux millions à soutenir un homme parti de rien montre que vous m’avez entendu. C’est un élément fondamental qui ne pourra pas être oublié dans les prochains jours, dans les prochaines années. Votre voix ne pourra plus jamais être négligée». «Je ne me tromperai pas d’adversaire», a déclaré M. Zemmour devant ses partisans, en les appelant à «voter pour Marine Le Pen». Une victoire de Mme Le Pen pourrait avoir d’importantes conséquences internationales, étant donné ses positions hostiles à l’intégration européenne et sa volonté, par exemple, de sortir du commandement intégré de l’Otan. «Ce qui se jouera le 24 avril sera un choix de société et de civilisation», a lancé Mme Le Pen, en promettant notamment de «restaurer la souveraineté de la France». «Ce sont deux visions de la France qui vont s’affronter», a aussi estimé depuis l’autre bord le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire. L’élection de Mme Le Pen créerait une double première : première accession au pouvoir par les urnes de l’extrême droite et première femme présidente. «En 2017, Marine Le Pen n’avait pas de réserve significative. Là elle devrait pouvoir aller beaucoup plus loin. Macron va devoir aller à la pêche aux voix chez Jean-Luc Mélenchon», a estimé le politologue Pascal Perrineau sur Arte. «C’est une nouvelle élection qui commence», a estimé sur France 2 Louis Aliot, un des cadres du Rassemblement national (RN), le parti de Mme Le Pen, appelant au «rassemblement» ceux qui ne veulent pas d’un second mandat d’Emmanuel Macron.
M. B.