Réuni à Genève depuis quatre jours sous la présidence de l’émissaire par intérim des Nations unies, Stephanie Williams, le Comité consultatif libyen, un organe issu du Forum du dialogue politique, est censé parvenir dès aujourd’hui à un accord sur un mécanisme de sélection de l’Exécutif unitaire provisoire. A ce dernier reviendrait ensuite d’assumer les missions gouvernementales jusqu’aux élections programmées pour décembre de cette année. Le Comité consultatif est composé de 18 personnes représentatives des régions libyennes comme des courants politiques, et choisies parmi les 75 membres du Forum politique, pour servir de trait d’union entre celui-ci et l’Exécutif provisoire. Dans le même temps que se tenait la réunion de Genève, on a appris la désignation du Slovaque Jan Kubis comme nouvel émissaire onusien pour la Libye, un poste resté vacant depuis la démission de Ghassan Salamé, il y aura bientôt une année. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas été facile de trouver un remplaçant au diplomate libanais. Avant la nomination, à ce qu’il semble définitive pour ce qui la concerne, de Jan Kubis, trois autres noms ont été cités tour à tour pour le poste de chef de la Manul (la Mission de l’ONU pour la Libye), qui finalement ont été abandonnés : celui de l’Algérien Ramtane Lamamra, celui de la Ghanéenne Hanna Serwaa Tetteh, et enfin celui du Bulgare Nickolay Mladenov.
S’agissant des deux premiers, tous deux Africains on l’aura remarqué, s’ils n’ont pas été retenus par le Conseil de sécurité, c’est du fait de l’opposition des Etats-Unis. Ceux-ci pour une raison encore mystérieuse ne voulaient pas d’un Africain à un poste réclamé à cor et à cri par l’Union africaine, une demande à laquelle le secrétaire général de l’ONU se montrait quant à lui particulièrement sensible, puisqu’il avait cherché par deux fois à lui donner droit mais en vain. S’agissant en revanche de la troisième nomination, celle de Mladenov, si elle a tourné court elle aussi, c’est toutefois non du fait d’une opposition rencontrée au sein du Conseil de sécurité, mais de l’indisponibilité du concerné lui-même. Toujours est-il que durant ces 10 mois d’absence d’un responsable attitré à la tête de la Manul, celle-ci n’est pas restée les bras croisés à observer les développements de la crise libyenne. Elle aura au contraire, sous la férule de Stephanie Williams, multiplié les initiatives pour avancer vers sa résolution. Reste maintenant à savoir quelles sont les intentions du nouvel émissaire. Une interrogation qui revient en fait à se demander si son approche du dossier à lui confié sera dans le droit fil du chemin parcouru depuis la Conférence de Berlin en janvier 2020, ou si elle s’en écartera et dans quelle mesure. Impossible de s’en faire une idée plus ou moins précise avant que Jan Kubis ne les détaille lui-même publiquement. Ce qui ne devrait pas tarder. Tout ce qu’on peut en dire par avance, c’est qu’en ces matières, comme en beaucoup d’autres d’ailleurs, il y a toujours loin de la coupe aux lèvres. Dès après-demain, on devrait savoir sur quels critères seraient choisis les membres du nouvel exécutif libyen. C’est alors que commenceraient les vraies difficultés. Une chose en effet est de désigner d’autorité un nouveau pouvoir de transition, une autre d’amener les pouvoirs en place, qu’ils soient de droit ou de fait, à s’effacer devant lui. Et à attendre pacifiquement l’organisation des élections en décembre prochain, où chacun obtiendra pour ce qu’il vaut vraiment dans l’estime des Libyens, non pour ses soutiens étrangers ou pour les armes en sa possession.