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Alger
mercredi 4 octobre 2023

Du blé et du pétrole

Dans un contexte de guerre, comme c’est précisément le cas aujourd’hui, deux choses sont vitales pour la population et pour l’économie d’un pays : le blé et le pétrole, ou plus généralement, les produits alimentaires et ceux de l’énergie. L’Algérie peut en cas de force majeure se passer de l’importation de ces derniers, encore que ce ne soit pas sans poser quelques problèmes, mais pas des premiers, et en particulier des plus importants d’entre eux : les grains, dont elle produit bon an mal an relativement peu par rapport à ses besoins. Lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale, le président Tebboune a fait savoir que le stock de sécurité couvrait huit mois seulement des besoins du pays, mais cela, il est vrai, en dehors de la production nationale dont les campagnes de moisson sont à venir. Ailleurs, comme en Europe, on produit suffisamment de blé, mais on est en général très dépendant en matière énergétique. De toute façon, à l’échelle mondiale, il n’y a que deux pays qui soient autosuffisants dans les deux : les Etats-Unis et la Russie. Pas même la Chine, très dépendante pour sa part du marché mondial pour son approvisionnement en blé et en énergie, bien que son industrie soit la première au monde.

La Russie et l’Ukraine comptant au nombre des plus grands producteurs et exportateurs de blé, on craint que la guerre qu’elles se livrent actuellement ne vienne, si elle doit durer, à provoquer une grave crise alimentaire dans le monde. De fait, et à moins d’un trimestre de guerre, il est déjà question de famine frappant non pas seulement des pays mais des régions entières, comme celle à laquelle nous appartenons, toujours citée en bonne place dans ce triste palmarès. Pour nos pays donc, cette guerre n’annonce rien de bon. Pourtant ce n’est ni d’Ukraine ni de Russie qu’ils importent les grandes quantités manquantes à leur niveau de blé, mais de leurs voisins européens, qui eux, à ce qu’on sache, ne sont pas en guerre, du moins pas encore. Il y a encore peu, il était souvent question du désir de la Russie d’obtenir pour son blé une part du marché algérien, qui en importe quelque 8 millions, ses besoins étant estimés quant à eux à près de 12 millions, et sa production moyenne à 4 millions seulement. Cette famine, agitée dès le premier jour de la guerre, n’est pas fatale. Même en supposant que la guerre s’installe dans le temps, et que les exportations ukrainiennes s’arrêtent complètement, ce qui d’ailleurs semble déjà être le cas, la production mondiale pourrait continuer de répondre aux besoins de tous. Ce qui évidemment n’empêchera pas les prix de monter en flèche, une voie dans laquelle ils se sont déjà engagés. Ils n’ont pas attendu la guerre pour ce faire. A l’imitation de bien des matières premières, les produits alimentaires ont amorcé leur hausse depuis plusieurs mois déjà, dans le sillage de la crise sanitaire. Reste que si le blé vient à manquer, ce sera contre la volonté de ses importateurs. Il n’en est pas de même des acheteurs européens des produits énergétiques russes, qui se les interdisent librement à eux-mêmes, alors même qu’ils en ont un besoin aussi vital que pour les premiers, les céréales qu’ils ne produisent pas. Sans l’opposition ferme de deux d’entre eux à cette mesure de nature suicidaire, la Hongrie et la Slovaquie, lors de la réunion de lundi dernier de leurs ministres de l’Energie, ils auraient été capables de se sevrer sans plus attendre de pétrole russe, en attendant de se passer de quelque chose où leur dépendance est plus grande encore : de gaz russe. Il n’est décidément pas de sacrifice que ces fanatiques ne soient pas prêts à faire pour être bien vus des Américains.

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