Alors que Vladimir Poutine hausse le ton en Russie face à l’Occident et notamment face aux États-Unis, les relations de Pékin et de Washington continuent à se détériorer à une vitesse alarmante ces dernières semaines, alors même que les Chinois et les Russes ne cessent de se rapprocher. Le gouvernement chinois a ainsi accusé hier le président américain Joe Biden de «dire quelque chose et faire le contraire», à propos de la destruction par un avion de chasse américain d’un ballon chinois au-dessus des États-Unis. Les relations bilatérales déjà très fragiles ont tourné au vinaigre depuis cet incident survenu le 4 février. Selon Washington, il s’agissait d’un engin espion qui observait notamment des bases militaires américaines. De son côté, Pékin a présenté cet aérostat comme une infrastructure civile qui avait dévié de sa trajectoire. Dimanche, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dit sur Twitter avoir «condamné l’incursion» lors d’une rencontre avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi. Interrogé à propos de ce tweet par la chaîne d’État chinoise CCTV, le ministère des Affaires étrangères a vivement réagi hier. «Le président Biden a, personnellement et sans scrupule, ordonné l’envoi d’avions de chasse et de missiles de pointe pour abattre un aérostat civil», a déclaré le porte-parole Wang Wenbin lors d’un point de presse régulier. «C’est à 100 % un recours aveugle à la force, c’est à 100 % une réaction excessive, c’est à 100 % hystérique. C’est une grave violation de la pratique et des conventions internationales», a-t-il ajouté. «Le président Biden a plusieurs fois promis, publiquement et de façon solennelle, qu’il ne cherchait pas une nouvelle Guerre froide et n’avait aucune intention d’entrer en conflit avec la Chine», a également souligné le porte-parole. «Nous espérons qu’en tant que dirigeant d’un grand pays, il tiendra sa parole et fera ce qu’il dit, au lieu de dire quelque chose et de faire le contraire». Mais les incidents se multiplient depuis l’arrivée de Biden à la Maison-Blanche et la guerre en Ukraine n’a fait cette année que renforcer les dissensions déjà grandes, entre les deux puissances. Reste à voir si Pékin, comme Washington, oseront franchir le Rubicon et mettre en danger, non seulement leurs peuples respectifs, mais le reste de la planète, les dommages collatéraux étant inévitables, ou s’ils tenteront dans les semaines et mois à venir de calmer la situation et de revenir à des relations plus apaisées.