Si la gauche est depuis plusieurs mois maintenant occupée par la réforme des retraites, depuis quelques jours, les responsables politiques de la Nupes doivent faire face à la délicate situation créée par le retour d’Adrien Quatennens dans le groupe parlementaire de La France Insoumise, condamné début janvier pour violences domestiques. Un retour après quatre mois de « bannissement » qui déplait à la plupart des partenaires de LFI au sein de la coalition de gauche. Que cela soit les écologistes, les communistes ou encore les socialistes, la seule présence du député du Nord au sein de l’Assemblée Nationale est en soi un problème et un manquement aux engagements féministes que prétendent défendre les Insoumis. Or, le retour controversé de Quatennens ne pouvait plus mal tomber alors que les dissensions se multiplient et que l’« union » de la gauche est plus désunies que jamais. Après quatre mois passés à siéger parmi les députés non-inscrits, les députés LFI se sont prononcés ce mardi en faveur du retour dans leurs rangs de leur camarade déchu. « Adrien Quatennens s’est engagé à poursuivre le travail qu’il a entamé ces derniers mois pour contribuer utilement à la lutte contre les violences faites aux femmes », souligne le groupe dans un communiqué, précisant que l’ancien coordinateur de La France insoumise a suivi « un stage de responsabilisation » auprès d’associations féministes. Sans surprise, cette décision ne fait pas l’unanimité. Quarante-cinq députés ont voté pour sa réintégration et quinze se sont prononcés contre. Deux se sont abstenus. Un résultat assez notable tant les députés Insoumis avaient pris l’habitude de parler d’une seule voix depuis leur arrivée en force à l’Assemblée l’an passé. Plusieurs d’entre eux, dont Alexis Corbière ou Danielle Simonnet, n’avaient d’ailleurs pas caché leurs réserves sur ce retour d’Adrien Quatennens, plaidant pour une « clause de revoyure ». Nombreux à gauche y voient un message terrible envoyé aux électeurs sur le sujet hautement sensible des violences conjugales. Dans un communiqué, le Parti Socialiste a ainsi évoqué une « faute politique » de leurs partenaires : « Cette décision de La France Insoumise, nous ne l’aurions pas prise. Pour ce qui est de notre responsabilité, nous considérons qu’Adrien Quatennens ne peut plus être membre des instances de la Nupes. » Un sentiment partagé par les écologistes : la cheffe du groupe, Cyrielle Chatelain, a jugé mardi qu’Adrien Quatennens ne pouvait « pas revenir au cœur de l’intergroupe » Nupes. Chez les communistes, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, s’était lui montré ferme dès le retour du député insoumis à l’Assemblée en janvier : « Nous jugeons que c’est une condamnation grave et ce sont des cas qui ne permettent pas de se présenter aux élections ou de siéger dans notre groupe. Nous demandons aux personnes condamnées de démissionner de leurs fonctions », avait-il indiqué. Un retour qui fait ainsi aujourd’hui plus de mal que de bien et qui dresse les Insoumis face à leurs partenaires, mais qui s’expliquerait par l’affection portée par Jean-Luc Mélenchon à Quatennes, sont ex-numéro 2. Il l’avait déjà défendu bec et ongles (au point de susciter le malaise parmi ses troupes) lorsque l’affaire avait éclaté en septembre dernier. « C’est le fait du prince. On voit que malgré sa soi-disant mise en retrait, c’est toujours Jean-Luc Mélenchon qui tire les ficelles, et tant pis si ça affaiblit la Nupes », déplore un responsable socialiste. Reste à voir quelles conséquences concrètes cette affaire aura sur la coalition de gauche, qui si elle avait débuté comme un mariage de raison entre plusieurs petits partis espérant vaincre le mastodonte qu’était le parti présidentielle aux élection législatives, montre de plus en plus fréquemment les signes d’un prochain divorce douloureux.