Le Parti socialiste est en panique depuis une dizaine de jours, depuis que la direction du parti a décidé de s’unir à La France Insoumise en vue des élections législatives de juin prochain. Une alliance nécessaire pour la survie du parti à la rose qui risque de perdre les quelques députations qui lui restent. Pourtant, la stratégie de l’alliance avec LFI est-elle la bonne et surtout la plus à même de permettre au PS de renaître de ses cendres ? Rien n’est moins sûr, d’après plusieurs cadres et figures historiques du mouvement qui appellent déjà à la révolte en interne. Surtout après que le PS ait annoncé vendredi dans un communiqué «souscrire aux propositions de La France Insoumise». «Il nous appartient désormais de faire naître une nouvelle espérance». C’est avec ces mots que le Parti socialiste a annoncé par communiqué souscrire aux propositions de La France Insoumise, en vue d’un grand rassemblement de la gauche pour les législatives. Dans leur texte de quatre pages, les socialistes, qui ont entamé des discussions mercredi dernier avec LFI, présentent leurs «réponses aux douze marqueurs» mis en discussion par la formation de Jean-Luc Mélenchon. L’occasion aussi de faire des propositions supplémentaires «dans la fidélité à nos fondamentaux et à nos priorités, en valorisant les convergences et sans cacher les différences», écrivent-ils. Chez les Insoumis l’on se réjouit de ce rapprochement, Clémentine Autain, députée de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, se félicitant sur Twitter d’une «évolution en phase avec les enjeux historiques». Le député Alexis Corbière se félicitant, lui, de ce pas en avant. «Le PS a répondu aux points qui, pour nous, étaient importants pour engager une discussion politique», a-t-il avancé. Dans les rangs socialistes, l’eurodéputée Manon Aubry salue avec enthousiasme un «nouveau Parti socialiste post-Hollande». Mais chez les socialistes, la norme est plutôt à la contestation et à la consternation. Ainsi, la sénatrice du Nord, Martine Filleul, se demande «qui a été consulté sur le texte adressé par le PS à LFI ?». L’ancien premier secrétaire par intérim du parti, Rachid Temal, déplore, lui, une «reddition en rase campagne» de son parti. Enfin, parmi les réactions les plus véhémentes, l’élu régional Julien Dray n’hésite pas à évoquer «une capitulation politique en rase campagne qui renie sa propre histoire» et appelle les militants à la «désobéissance» face aux instances du PS. Cela faisait quelques jours qu’il était écrit qu’une alliance avec Jean-Luc Mélenchon aux législatives mettrait le feu aux poudres. A plusieurs reprises le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait été mis en garde par certains cadres de son parti. François Hollande avait ainsi prévenu qu’un tel rapprochement serait «inacceptable», voire qu’il causerait la «disparition» du PS. De son côté, l’ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’était aussi montré contre un tel accord. Pour autant, si l’on peut parler d’une avancée soudaine, il est encore trop tôt pour parler d’un ralliement officiel. Rachid Temal rappelle qu’«aucune instance du PS n’a adopté le texte adressé par l’actuelle direction à LFI» et que «seul le vote permet d’adopter des positions politiques ou alliances». Reste à voir si la direction actuelle du parti, fondé sous l’impulsion de Jean Jaurès en 1905, ira jusqu’au bout de son rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon qui fut lui-même une figure importante du PS qu’il a quitté en 2008 pour fonder son propre mouvement, ou si les levées de boucliers des cadres et élus socialistes auront raison des efforts désespérés de la direction actuelle du PS pour garder le mouvement à flot, quitte à jeter par la fenêtre les principes et les valeurs qui faisaient son identité ces dernières décennies.