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dimanche 28 mai 2023

Discussions

Si le début de la guerre en Ukraine avait mis un sérieux coup de frein aux négociations de Washington avec Téhéran, pour une reprise de l’Accord sur le nucléaire iranien, c’est surtout la révolte des Iraniens en septembre dernier contre les Mollahs et sa répression sanglante qui a stoppé net tout effort de dialogue avec la République islamique. Après avoir feint l’indifférence pendant plus de six mois, l’Iran, qui souffre d’une lourde crise économique, a finalement cédé hier en appelant les pays occidentaux, «surtout les États-Unis», à ne plus «procrastiner» dans les négociations pour relancer l’accord sur le nucléaire, cinq ans jour pour jour après le retrait américain. La conclusion d’un accord «est possible tant sur le plan technique que politique», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, devant la presse. «Les autres parties, en particulier les États-Unis ont procrastiné et doivent montrer leur détermination politique pour relancer le pacte», connu sous son acronyme JCPOA, conclu en 2015 puis dénoncé par le président américain Donald Trump le 8 mai 2018. Cinq ans plus tard, de laborieuses négociations se poursuivent entre l’Iran et les grandes puissances signataires de l’accord de 2015 (Chine, Russie, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, France). Téhéran a dit sa volonté de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en acceptant, à l’occasion d’une visite en mars du directeur général de cette instance onusienne, Rafael Grossi, «des activités de vérification et de surveillance supplémentaires» de son programme nucléaire. Mais les Occidentaux ont critiqué la «dangereuse» escalade de l’Iran, alors qu’ont été détectées sur un site nucléaire iranien des particules d’uranium enrichies à 83,7 %, un niveau proche du seuil pour fabriquer une bombe atomique. «La République islamique suit la feuille de route fixée à l’occasion de la visite de Rafael Grossi, et des actions opérationnelles ont été engagées», a assuré Nasser Kanani, sans donner de détails, notamment le fait de réinstaller des caméras de surveillance sur plusieurs sites. L’AIEA doit faire un point sur le processus à l’occasion du prochain Conseil des gouverneurs, prévu en juin à Vienne. Le 8 mai 2018, Donald Trump, alors président des États-Unis, avait annoncé à la Maison-Blanche que Washington se retirait de l’accord négocié par son prédécesseur Barack Obama pour empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique. Washington avait ensuite rétabli toutes les sanctions levées trois ans plus tôt et avait appelé les entreprises étrangères présentes en Iran à en sortir sous peine d’être frappées par les mesures punitives leur barrant l’accès aux marchés américains. Le régime islamique après avoir tenté de faire bonne figure durant quelques années, admet ainsi qu’il a besoin de la main «tendue» de l’Occident honni, alors que les Mollahs au pouvoir sont de plus en plus critiqués par une population excédée par les règles et interdictions qui l’étouffent. Reste à voir quelle sera la réponse de Washington a l’appel iranien. Les Américains pourraient purement et simplement refuser de discuter avec Téhéran comme ils pourraient profiter de cet aveu de faiblesse pour tenter d’imposer des conditions supplémentaires qu’Obama en 2015 n’avait pas réussi à obtenir.

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