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samedi 20 avril 2024

Diplomatie, spéculation, émigration, vaccination…: Mises au point éthiques et recadrages politiques de Tebboune

Lors de sa rencontre périodique avec des représentants de médias nationaux, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a abordé nombre de questions nationales et régionales.

Par Louisa Ait Ramdane

Le Président Tebboune a exclu le recours à la vaccination obligatoire dans le cadre de la lutte anti-Covid-19, indiquant que 11 millions d’Algériens avaient été vaccinés à ce jour.
Il a rappelé, dans ce cadre, que la vaccination demeure un «acte technique et médical» auquel ont recours tous les pays, mettant en garde contre une nouvelle vague de la pandémie.
Le Président Tebboune a en outre rassuré que l’Algérie, en plus d’être un pays producteur du vaccin anti-Covid-19, dispose de «quantités suffisantes de doses». «L’efficacité du vaccin est prouvée scientifiquement et dès le début, nous avons insisté sur le vaccin comme solution», a mis en avant le chef de l’Etat, ajoutant qu’il est inconcevable de refuser le vaccin maintenant qu’il est disponible. Et de déplorer que «l’Algérie est loin d’atteindre l’immunité collective à laquelle nous aspirons, en raison du recul relatif de la vaccination qui avait connu une cadence accélérée au début de l’opération».
Appelant l’ensemble des syndicats au dialogue pour le traitement des problèmes, le Président Tebboune a fait savoir que «des instructions ont été données à tous les secteurs pour ouvrir le débat sur la révision des statuts et des salaires». «Une telle démarche nécessite du temps et il est inutile de recourir à l’anarchie pour la revendication des droits», a-t-il ajouté. Sur un autre volet, le président de la République a mis en avant les efforts de l’Etat en matière de développement économique et d’exportations hors hydrocarbures, dont le niveau n’avait jamais été atteint depuis 25 ans.

Criminalisation de l’acte de spéculation
L’acte de spéculation commis par des intrus sans scrupules exploités par des bandits aux fins de semer l’anarchie – des bandits animés par des motifs politiciens –, sera criminalisé. «Ma décision est prise et j’en ai informé le ministre de la Justice, garde de Sceaux : la prochaine réunion du Conseil des ministres verra la présentation d’une loi incriminant les spéculateurs qui encourront une peine de pas moins de 30 ans de prison, qui pourrait aller jusqu’à la perpétuité, voire la peine capitale», a-t-il soutenu. «Nous frapperons les spéculateurs d’une main de fer et traquerons les lobbies politiciens qui sont derrière cet acte, qui aurait pu mener à une explosion sociale, notamment à la lumière de la propagation de la pandémie de Covid-19. Nous serons sans merci avec ceux qui tentent d’entamer la détermination de l’Armée blanche, et dont l’implication est établie. Ceux-là encourent la peine capitale», a-t-il ajouté.

L’Etat déterminé à absorber les fonds du marché parallèle
L’Etat est déterminé à absorber les fonds circulant sur le marché parallèle par le biais de plusieurs moyens et mécanismes, en tête desquels la finance islamique.
Le Président Tebboune a indiqué qu’il était possible d’absorber, de mille et une manières, les fonds du marché parallèle, citant entre autres méthodes, «la finance islamique qu’il convient de généraliser, à travers l’ouverture de nouvelles banques».
Il a mis l’accent, à cet égard, sur l’impératif d’ouvrir un dialogue avec les propriétaires de ces fonds, ce phénomène s’étant enraciné et qui remonte à l’ouverture de l’importation au secteur privé au début des années 90, une démarche, a-t-il dit, qui n’était pas accompagnée de contrôle nécessaire. «Cette économie a été autorisée par l’Etat. Elle est devenue forte durant la décennie noire, puis s’est développée pour atteindre actuellement 10 000 mds DA», a expliqué Tebboune.
Ainsi, l’Etat œuvrera à la récupération des fonds circulant sur le marché parallèle via plusieurs moyens, y compris l’éventuel recours à l’investissement dans des titres anonymes et sans impôt, a-t-il poursuivi.
Toutefois, le chef de l’Etat a écarté la possibilité de recourir au changement de la monnaie nationale comme solution pour attirer la masse monétaire circulant sur le marché parallèle, estimant que cette mesure était susceptible de créer de longues files d’attente et compliquer la vie des simples citoyens.

Pas de recours à l’endettement extérieur
Le président de la République a réitéré l’engagement de l’Algérie à ne pas recourir à l’endettement extérieur, le considérant «comme un suicide politique pour le pays».
Il a indiqué que «le Fonds monétaire international agit comme s’il préparait le terrain à l’endettement. Nous n’opterons jamais pour ce choix, c’est impensable. Nous ne mènerons pas le pays vers un suicide politique».
A cet effet, il s’est dit sceptique vis-à-vis des recommandations du FMI qui prône le report de la mise en œuvre des réformes structurelles, affirmant que «l’Etat algérien poursuivra ces réformes en toute souveraineté».

Le Président Tebboune qualifie les chiffres de Darmanin de «gros mensonge»
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a qualifié de «grand mensonge» les chiffres avancés par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Moussa Darmanin, qui a évoqué 7 000 migrants irréguliers qui seraient de nationalité algérienne et que Paris veut expulser.
Il a expliqué qu’entre la liste parvenue à l’Algérie en 2020 et les trois autres listes de 2021, «il y a un total de 94 cas, dont 21 ont été autorisés à rentrer en Algérie, 16 ont été carrément refoulés et n’entreront jamais en Algérie en raison de leur implication dans le terrorisme».
Parmi ces 94 individus, il a précisé qu’«il y a eu aussi des personnes impliquées dans l’extrémisme en France, un ou deux binationaux, alors que d’autres n’ont pas de famille en Algérie».
Pour rappel, les chiffres avancés par le ministre français de l’Intérieur ont été communiqués à la presse locale. A ce propos, le président de la République a indiqué que «ces choses ne se règlent pas par le biais de la presse», précisant qu’«il y a des règles pour préserver la souveraineté d’un pays». «Même s’il y a des problèmes (entre les deux pays), on ne va pas pérorer dans un journal pour le populisme et la campagne électorale», a-t-il ajouté.
Le Président Tebboune a, en outre, fait observé que «ce mensonge a servi de socle à des choses non conventionnelles entre deux pays souverains et des paroles malheureuses ont été dites sur un peuple et un Etat», relevant que «cela nous rappelle celui qui voulait sortir le karcher pour nettoyer les banlieues».
Concernant la réduction du nombre de visas accordés par la France aux Algériens, le Président Tebboune a affirmé que «cela est une affaire de souveraineté pour chaque Etat, mais à condition que les Accords d’Evian et ceux de 1968 soient respectés». Il a expliqué que le cas de l’Algérie «demeure à part, car il y a des accords avec la France», refusant ainsi que l’Algérie «soit mélangée à d’autres pays».

«Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris est conditionné par le respect total de l’Etat algérien»
Le Président Tebboune est revenu sur les derniers développements des relations entre Paris et Alger. Invité à s’exprimer sur les dernières déclarations du président Français à l’encontre de l’Algérie et de ses institutions, le président de la République a rappelé, dans ce contexte, que «la France doit oublier que l’Algérie était une colonie». «Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris est conditionné par le respect total de l’Etat algérien», a indiqué le chef de l’Etat, soulignant que «l’Histoire ne peut être falsifiée et les relations avec la France relèvent de la responsabilité de tout un peuple… de toute une histoire».

Le chef de file du MAK «doit être livré» à l’Algérie
Le Président Tebboune a évoqué également les mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie contre ceux qui constituent des menaces pour sa sécurité et son intégrité, citant le chef de file du Mouvement séparatiste et terroriste MAK, Ferhat Meheni. «Le chef de file du Mouvement séparatiste et terroriste ‘’MAK’’, Ferhat Meheni, doit être livré à l’Algérie», a indiqué le président, soulignant détenir des preuves qu’il est terroriste. «Nous continuons à demander à ce que le chef de file, le terroriste du MAK nous soit livré. C’est un terroriste, il le dit et nous avons des preuves quant à la collecte de fonds (menée par le MAK) pour l’achat d’armes», a affirmé le Président Tebboune. Il a souligné que le chef de file du MAK bénéficie de «la bénédiction du pays où il a trouvé des échos médiatiques et autres».
A une question relative à la coopération de la France en ce qui concerne le mandat d’arrêt de Ferhat Meheni, le Président Tebboune a affirmé avoir exigé de ce pays qu’«il l’applique», relevant que «pour le moment, il n’y a rien et c’est un silence qui signifie refus».
Au sujet de l’implication du Maroc dans les feux de forêt ayant ravagé l’été dernier plusieurs wilayas du pays, notamment celle de Tizi-Ouzou, le président de la République a précisé qu’«il est prouvé par l’image et le son que ce pays est partie intégrante de ce qu’a fait le MAK. Ce sont des faits et pas des accusations (sans fondement)», relevant qu’il s’agit «d’une atteinte à l’unité nationale».
Il a rappelé, dans ce sens, que les décisions prises par l’Algérie en réponse au Royaume du Maroc ne sont en fait qu’une réaction, excluant à ce sujet une quelconque médiation avec ce pays.
S’agissant du dossier du Sahara occidental, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné que «l’ONU est appelée à s’acquitter de son rôle dans la décolonisation de ce territoire, une question inscrite à l’agenda de sa 4e Commission». Dans le même contexte, le Président Tebboune a évoqué la situation en Tunisie, réaffirmant que «ce qui touche la Tunisie nous touche et quiconque serait tenté de menacer sa sécurité nous trouvera face à lui».
Concernant la situation en Libye, le président de la République a réitéré que les élections étaient la solution définitive à la crise dans ce pays, estimant qu’il n’était pas obligatoire que la tenue de ces échéances intervienne le même jour et qu’elles pouvaient, par exemple, s’étendre sur deux mois. Pour ce qui est de la crise au Mali, l’Algérie estime que «la solution passe par l’encouragement du développement et l’unification du Nord et du Sud», a rappelé le président de la République.
L. A. R.

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