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mardi 6 juin 2023

Dialogue

Ces dernières années les relations entre Cuba et les États-Unis ont beaucoup fluctué. Si sous le second mandat de Barack Obama elles se sont beaucoup détendues, Donald Trump, lui, a remis, peu avant son départ de la Maison-Blanche, Cuba sur la liste des «États soutenant le terrorisme». Mais aujourd’hui Washington malgré son changement de gouvernance est toujours circonspect et peu de progrès ont été faits pour établir une relation entre l’île communiste et la puissance capitaliste. De leur côté, les Cubains sont toutefois plutôt ouverts à une reprise des discussions. En effet, le premier secrétaire du Parti communiste cubain, Raul Castro, a appelé, vendredi, à un «dialogue respectueux» entre Cuba et les États-Unis, dans son dernier grand discours à la tête du parti unique. «Je confirme, à ce congrès du parti, la volonté de nouer un dialogue respectueux, une nouvelle forme de relations avec les États-Unis sans prétendre que, pour y arriver, Cuba renonce aux principes de la révolution et du socialisme», a-t-il déclaré. Le révolutionnaire de 89 ans s’exprimait au congrès du Parti communiste, qui s’est ouvert vendredi pour quatre jours et marque son départ en retraite pour laisser place à une nouvelle génération. Les relations entre Cuba et les États-Unis, après une détente historique mais éphémère entre 2014 et 2016, se sont à nouveau tendues sous l’administration de Donald Trump, qui a durement renforcé l’embargo en vigueur depuis 1962. De son côté, Joe Biden, qui avait promis en campagne de revenir sur certaines sanctions, n’a pas dit un mot sur l’île depuis son investiture. «L’objectif de ces mesures est d’étendre le siège économique sur Cuba, avec comme but déclaré d’étrangler le pays et de provoquer une explosion sociale», a dénoncé Raul Castro, fustigeant cette «guerre économique», selon des images retransmises à la télévision d’État. Après la mort de Fidel en 2016, le départ de Raul tourne une page historique pour l’île et ses habitants, dont presque tous n’ont jamais connu d’autre famille dirigeante. «Raul ne va plus être à la tête du parti, mais en cas de problème Raul sera là, il n’est pas mort», veut croire Ramon Blande, militant communiste de 84 ans. Dans les rues de La Havane, les Cubains semblent surtout préoccupés par les pénuries alimentaires, les files d’attente face aux magasins et l’inflation vertigineuse provoquée par la récente unification des deux monnaies locales. «J’espère qu’avec le congrès ça va s’améliorer car les prix sont très élevés, les salaires ont augmenté (…) mais ça ne suffit pas», se lamente Maria Martinez, retraitée de 68 ans. Ces derniers mois, Cuba vit une grogne sociale inédite, sous l’impulsion de l’arrivée récente de l’internet mobile, avec plusieurs manifestations de divers secteurs de la société civile. «La sortie du paysage politique actif de Raul Castro est logiquement un tournant historique, plus ou moins visible dans l’immédiat», note le célèbre auteur de polars Leonardo Padura dans une tribune publiée par le site Nueva Sociedad. «Mais les gens ont besoin de plus. Pas seulement pour parler, mais pour mieux vivre. Je crois qu’après tant de sacrifices, les Cubains le méritent». Reste à voir si l’administration Biden se saisira bientôt de ce dossier et surtout si elle le fera pour tendre la main à La Havane ou si Washington préfèrera maintenir le statu quo actuel.

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