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vendredi 31 mars 2023

Deux rapprochements gros de conséquences

Au Moyen-Orient deux rapprochements se sont amorcés ces derniers temps qui s’ils devaient aboutir apporteraient des changements notables dans notre région entendue au sens large. S’ils ne nous concernent pas directement, ils ne seront pas sans influer sur nous par la recomposition qu’ils induiront dans la partie du monde à laquelle nous appartenons. L’un de ces rapprochements est plus avancé que l’autre, c’est le dialogue en vue de la réconciliation entre l’Egypte et la Turquie, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 2013. Il l’est suffisamment pour qu’il soit possible dès à présent de parier sur sa réussite, et cela sans grand risque de se tromper. En ce moment en effet une délégation turque conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères est au Caire sur invitation de l’Egypte. Si la rencontre tient ses promesses, et il n’y pas de raison de penser qu’il en soit autrement, étant donné qu’elle survient à la suite d’autres qui lui ont préparé le terrain, la prochaine étape prendra la forme d’une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays dans le but pur et simple de sceller leur réconciliation. Il ne restera plus alors qu’à prévoir un sommet entre les deux chefs d’Etat, si l’on veut à tout prix donner à l’événement tout son éclat.

L’autre rapprochement, qui lui en revanche commence à peine, mais qui à certains indices est susceptible de s’accélérer, concerne l’Iran et l’Arabie saoudite, dont la rupture remonte à 2015, à la suite de l’attaque de l’ambassade saoudienne à Téhéran. A priori il sera plus difficile pour ces deux là de surmonter leurs différends que pour les premiers. D’autant qu’ils sont déjà en guerre au Yémen, par Houthis interposés il est vrai. Ils l’avaient été auparavant en Syrie, tout aussi indirectement, un front d’où l’Arabie saoudite s’était ensuite retirée, à la différence de l’Iran, qui lui y est toujours impliqué. La réconciliation dans leur cas ne manquera pas de produire ses effets dans l’ensemble du monde arabe et musulman. De façon plus particulière ou plus immédiate au Yémen bien sûr, mais également en Irak, au Liban, et peut-être même en Syrie, l’Arabie saoudite y conservant une influence malgré tout. La normalisation de leurs relations si elle survient ne voudra pas dire pour autant que leurs différends se sont dissipés comme par enchantement. Mais le fait qu’ils puissent du moins en parler fera en sorte que la recherche d’un compromis pour chacun d’entre eux est quelque chose d’envisageable. Si le dialogue entre eux est possible, ce sera toujours à lui qu’ils recourront en premier lieu. C’est l’Irak, un pays où ils sont presque aussi influents l’un que l’autre, qui joue l’intermédiaire en l’occurrence. Il est avec le Liban le pays ayant le plus intérêt à ce que l’Iran et l’Arabie saoudite se réconcilient. N’empêche, nous sommes plus concernés par le premier rapprochement, bien que nous ayons intérêt à ce que la paix règne aussi bien dans notre environnement immédiat que dans le reste du monde. Mais comme un rapprochement entre l’Egypte et la Turquie sera bénéfique pour la Libye, déchirée qu’elle est encore aujourd’hui entre leurs intérêts contradictoires à l’intérieur de ses frontières, ce sera lui qui en premier nous impactera. Et positivement, puisqu’il sera de nature à hâter la réunification de la Libye.

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