Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, sans confirmer ni infirmer l’information, s’est contenté de dire que «le variant n’est pas une source d’inquiétude particulière» et que «nos experts sont à l’affût pour toute éventualité d’apparition d’un variant», faisant comprendre que ce risque n’est pas à écarter…
Par Meriem Benchaouia
Deux cas du variant britannique du coronavirus ont été détectés en Algérie, a annoncé, jeudi soir, l’Institut Pasteur d’Algérie dans un communiqué. «L’Institut Pasteur d’Algérie a détecté sur des PCR positives, datées du 19 février 2021, deux variants britanniques. Ils portent les mutations N501Y et D614G avec délétion des positions 69-79, qui sont des signatures génétiques de ce variant (détecté pour la première fois le 20 septembre 2020 dans la ville de Kent, en Grande-Bretagne)», a souligné l’Institut sur sa page Facebook. Il a précisé que «ces deux souches mutantes ont été détectées chez un membre du personnel de santé de l’EHS de Psychiatrie de Chéraga (isolé actuellement) et chez un immigré venant de France pour l’enterrement de son père». Interrogé par les journalistes, en marge de la conférence sur le variant du Covid-19 en Algérie, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, sans confirmer ni infirmer l’information, s’est seulement contenté de dire que «le variant n’est pas une source d’inquiétude particulière» et que «nos experts sont à l’affût pour toute éventualité d’apparition d’un variant», faisant comprendre que ce risque n’est pas à écarter et tout sera communiqué dans la transparence en cas d’enregistrement d’un variant. Selon l’Institut Pasteur, «des alertes ont eu lieu auparavant (notamment au CHU Beni Messous et récemment à l’EPH Zmirli) et dont les résultats de la recherche des quatre variants (de Grande-Bretagne, d’Afrique du Sud, du Brésil et du Japon) ont été négatifs (souche classique)». «Sur le plan épidémiologique, l’Algérie a enregistré ces dernières semaines une certaine stabilité du nombre de cas de contamination par le coronavirus Covid-19», a constaté l’Institut, qui a rappelé que «la grande attention portée aux mesures de distanciation sociale et le port de masque de protection dans le cadre du protocole sanitaire sont les meilleurs garants du maintien de la stabilité enregistrée actuellement». En outre, le ministre de la Santé a souligné l’importance de la solidarité entre les pays dans la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus et ses conséquences socio-économiques. «Arriver tous ensemble et en conjuguant nos efforts à enrayer les méfaits du Covid-19 et freiner donc cette catastrophe sanitaire dont souffre l’humanité entière, serait de notre point de vue un formidable moment de solidarité internationale et un indéniable sursaut collectif de l’humanité», a indiqué M. Benbouzid lors d’une conférence internationale sur le projet «Réponse solidaire européenne au Covid-19 en Algérie». Il a, à ce propos, ajouté que «ce noble objectif passe également par un équitable accès des peuples et des nations aux progrès de la science, matérialisé présentement par les différentes formes de vaccination», relevant, à cet égard, «les difficultés que rencontrent les pays aux revenus intermédiaires, ou faibles, dans leur volonté d’accéder à l’acquisition des vaccins». Il a exprimé, dans ce sens, son souhait de «faire du vaccin contre le Covid-19 un bien public mondial répondant à quatre principes-clés», à savoir «le partage des données et des résultats de la recherche, la garantie d’un accès équitable pour tous, la garantie d’une production rapide et en masse et la garantie d’un prix juste». Après avoir évoqué les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie, le ministre a indiqué que cette crise sanitaire a «affecté plus de 112 millions d’êtres humains à travers le monde et causé près de 2,5 millions de décès», rappelant qu’en Algérie, «le Covid-19 a affecté depuis l’apparition du premier cas à ce jour, 112 461 personnes et en a tué 2 970».
Ce que l’on sait du variant britannique
Observé pour la première fois en septembre 2020 dans la région du Kent, dans le sud-est de l’Angleterre, le variant VoC 202012/01 (Variant of Concern, year 2020, month 12, variant 01) du coronavirus est à l’origine d’une flambée de cas en Europe, en raison d’une contagiosité accrue. Si la preuve définitive d’une plus grande transmissibilité de ce nouveau variant n’a pas encore été faite, de nombreux indices convergent vers cette hypothèse. Les travaux préliminaires conduits par une équipe de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont conclu que cette déclinaison du virus était environ de 50 % à 74 % plus contagieuse (valeur médiane : 56%) que la majorité des SARS-CoV-2 en circulation depuis le début de la pandémie. Une mutation repérée sur la protéine de spicule du virus (N501Y) augmenterait nettement l’affinité, donc la liaison chimique, entre le virus et les cellules humaines qu’il peut pénétrer, ce qui favoriserait l’infection. De nouvelles études devraient bientôt être produites pour déterminer si cette nouvelle version du virus est plus mortelle. M. B.