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lundi 20 mars 2023

Dettes

Alors que tous les partis politiques français se préparent doucement à l’élection présidentielle de 2022, du côté du Parti socialiste l’on pousse pour une seule candidature de la gauche. La raison avouée : éviter de disperser les voix et s’assurer que le candidat porté par les partis de gauche réussira à percer au second tour. Un raisonnement somme toute pragmatique et de bon aloi. Pourtant, il se pourrait que cette proposition faite par le Parti socialiste soit aussi lourdement motivée par les caisses vides du parti qui avec dix fois moins de parlementaires depuis 2017, moitié moins d’adhérents, est obligé aujourd’hui de licencier 21 salariés pour faire des économies, en vue des campagnes de 2022. Des licenciements qui ont provoqué sans surprise l’ire de ceux qui se retrouvent désormais sans emploi. Ces ex-employés se demandent ainsi dans un courrier envoyé à quelques rédactions de presses françaises «où ont bien pu passer les ‘’millions d’euros de côté’’ hérités de la vente de Solferino ?», l’ancien siège des socialistes rue de Solferino à Paris, vendu en 2017. Ils reprochent à la direction du parti son «manque d’humanité», pour avoir annoncé les licenciements «en pleine crise sanitaire», et ses «méthodes managériales qui n’ont rien à envier à celles employées jadis à France Télécom», l’entreprise devenue symbole de la souffrance au travail, après une série de suicides en 2008 et 2009. «Les accusations portées par cette lettre sont aussi graves que diffamatoires», rétorque la direction du PS qui dénonce une «cabale». «Si ces accusations calomnieuses devaient se poursuivre, nous nous réservons la possibilité de saisir la justice». Selon les responsables socialistes, cette lettre a pu être «rédigée par un ou des salariés mécontents des procédures disciplinaires dont ils ont fait l’objet», notamment un «sanctionné pour harcèlement sexuel», ajoute un salarié du PS. Le parti de gauche tente ainsi de présenter sa situation sous un jour moins catastrophique, assurant que parallèlement aux renvois de ces 21 employés, 9 nouveaux postes ont été créés et qu’il n’y a pas d’argent caché, loin s’en faut. L’on se souvient en effet qu’en 2017, pour faire face à des dettes «monstrueuses», selon les termes d’Olivier Faure, premier secrétaire du parti, la précédente direction s’était résolue à vendre le siège parisien pour la somme de 45,5 millions. Elle a servi à rembourser le prêt hypothécaire de 20 millions contracté pour la présidentielle de 2017, financer le «plan de sauvegarde de l’emploi» suivant (4,9 millions), rembourser un découvert bancaire de 6,3 millions, acheter et aménager les nouveaux locaux à Ivry-sur-Seine (9 millions environ). «Voilà où est passé l’argent», argue la nouvelle direction. «Il n’y a pas de ‘’magot’’. On n’a rien à cacher !», répond-on à
l’adresse aussi de certains vétérans socialistes «dubitatifs». «Il faut savoir gérer une collectivité quand on dirige un parti !», s’exclame ainsi un ancien ministre. Reste à voir où en sera la trésorerie du PS en 2022 et si le parti sera capable de présenter son propre candidat ou s’il devra se greffer sur la candidature des écologistes ou des Insoumis pour ne pas se créer encore de nouvelles dettes, qui, avec le joyau immobilier de Solferino vendu, seront difficiles à éponger.

 

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