Si depuis quelques années l’«ingérence» de Washington dans le conflit israélo-palestinien a pu parfois occulter la responsabilité de Benyamin Netanyahu dans le blocage du processus de paix, le Premier ministre israélien est aujourd’hui rattrapé par sa politique intérieure et est depuis plusieurs mois de plus en plus décrié par ses compatriotes. Des manifestants opposés au Chef du gouvernement hébreu se sont rassemblés samedi au soir en Israël, malgré un renforcement des mesures liées au nouveau coronavirus, dont une limitant les manifestations. La plupart des protestataires semblaient porter le masque sanitaire, mais la police a indiqué dans un communiqué qu’ils violaient les règles de distanciation sociale ainsi que la limitation concernant le nombre de manifestants. La police n’a pas donné un chiffre de contrevenants. Le Parlement israélien a approuvé mercredi 30 septembre une loi restreignant les rassemblements lors du confinement décrété dans le pays en raison du nouveau coronavirus, qui selon ses détracteurs, vise à faire taire les manifestations contre Benyamin Netanyahu. Depuis juillet, des manifestants anti-Netanyahu se réunissent chaque semaine pour critiquer sa gestion économique et sanitaire de la pandémie mais aussi dénoncer la «corruption» et appeler à un «changement». Vendredi, le ministre du Tourisme, Asaf Zamir, du parti centriste «Bleu-Blanc», a quitté la coalition gouvernementale de Benyamin Netanyahu en raison des nouvelles restrictions. Annonçant sa décision sur Twitter, il a estimé que le Premier ministre était plus inquiet de son procès pour corruption et des manifestations contre lui que par la lutte contre l’épidémie. Le leader de «Bleu-Blanc», Benny Gantz, a remplacé Asaf Zamir par Orit Farkash Hacohen, et la coalition, fruit d’une entente entre Benyamin Netanyahu et Benny Gantz, ne semblait pas être dans l’immédiat en danger. Benny Gantz a dit respecter la décision de Asaf Zamir. «Nous avons rejoint le gouvernement pour lutter contre le coronavirus, pas pour limiter la démocratie», a-t-il dit dans un communiqué. La loi approuvée mercredi interdit aux manifestants de s’éloigner de plus d’un kilomètre de leur domicile, mais le quotidien de gauche «Haaretz» a rapporté vendredi que des applications étaient apparues sur les réseaux sociaux pour fournir aux internautes la localisation de la manifestation la plus proche de chez eux. La police vérifiait ce samedi soir les cartes d’identité de manifestants. «La police donne des amendes et, là où c’est nécessaire, disperse des rassemblements et arrête ceux qui troublent l’ordre public», a-t-elle indiqué dans un communiqué. Elle n’a pas indiqué le nombre d’arrestations mais affirmé que «des centaines» d’amendes avaient été distribuées. Selon les médias locaux, près de 200 personnes ont manifesté devant la résidence de Benyamin Netanyahu, à Jérusalem. D’autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes. Cette mobilisation de la population reste toutefois plus ou moins occultée sur le plan international, alors que la crise sanitaire continue à monopoliser l’attention des politiques et des médias, offrant ainsi la possibilité aux autorités israéliennes de contenir la gronde de leur population. Reste à savoir si les protestants israéliens continueront à tenir le coup et surtout s’ils gagneront leur bras de fer avec Netanyahu qui compte ouvertement sur leur lassitude pour ignorer leurs revendications et leurs questionnements.