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jeudi 30 mars 2023

Destitution:

Au plus fort de la crise du Covid-19 aux États-Unis, lors du premier semestre 2020, le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, est rapidement devenu un héros, comme les Américains les aiment tant. Partout dans les médias, l’action du démocrate est célébrée, lui, qui en total contraste avec l’attitude de Donald Trump à l’époque, prend la pandémie très au sérieux et n’hésite pas à prendre des mesures draconiennes pour la stopper. Mais comme souvent les héros que l’on encense trop précipitamment ne gardent pas longtemps leur vernis, aujourd’hui, le gouverneur démocrate est tombé brutalement de son piédestal alors qu’il est accusé d’avoir caché des milliers de morts dans son État ainsi que de harcèlement sexuel vis-à-vis de nombreuses femmes. Andrew Cuomo fait désormais face au risque d’une procédure de destitution après que l’un des patrons démocrates du Parlement de New York, jusqu’à récemment son allié, eut donné son feu vert à la première étape de la procédure. Les difficultés du puissant gouverneur se sont considérablement aggravées depuis mercredi soir : un journal new-yorkais, le «Times Union» de la capitale Albany, a en effet révélé
qu’une de ses employées l’accusait d’avoir passé la main sous sa blouse et de l’avoir touchée de façon «agressive» fin 2020, dans sa résidence officielle. Depuis fin février, le gouverneur de 63 ans, dont le troisième mandat expire fin 2022, était déjà de plus en plus fragilisé par les allégations successives de cinq femmes, l’accusant de harcèlement sexuel ou de comportement inapproprié. Mais les accusations apparues mercredi sont plus graves et pourraient avoir des conséquences pénales : le bureau du gouverneur a dû en «notifier la police locale», a confirmé un de ses porte-parole. Si une telle notification n’entraîne pas automatiquement une enquête pénale, les nouvelles allégations ont poussé 59 élus démocrates du Parlement de New York, qui compte 213 élus au total, en majorité démocrates comme le gouverneur, à rejoindre les dizaines de républicains qui réclamaient déjà publiquement la démission de Cuomo. Après les avoir reçus, le chef de file des démocrates de la chambre basse, Carl Heastie, a indiqué jeudi avoir «autorisé la commission judiciaire de la chambre à ouvrir une enquête en destitution», première étape vers une éventuelle destitution du gouverneur. «Les allégations rapportées contre le gouverneur sont sérieuses», a déclaré Heastie dans un communiqué. «La commission pourra interroger des témoins, exiger des documents et évaluer les preuves». Cette enquête se déroulera parallèlement à l’enquête judiciaire déjà annoncée sur ces allégations par la procureure générale de New York, Letitia James. Le gouverneur n’a pas immédiatement réagi à cette annonce. S’il s’est récemment excusé d’avoir «blessé» ses accusatrices, il a aussi assuré n’avoir «jamais touché personne de façon inappropriée». Surtout, Andrew Cuomo refuse de démissionner et semble décidé à affronter la mesure de destitution qu’il encourt, estimant peut-être qu’il lui reste, pour le moment du moins, assez d’alliés pour avoir une chance pour survivre à la procédure. Mais même si cela était le cas, le mouvement #MeToo est passé par là et ses chances de continuer une carrière politique sont minces, à moins qu’il réussisse à prouver que les allégations de harcellement dont il fait l’objet sont fausses. Sans oublier aussi le scandale des morts du Covid-19 qu’il aurait dissimulés qui, s’il ne fait plus la une en ce moment, a fortement entamé la confiance et la crédibilité de celui que l’on voyait un jour, de par son charisme et sa stature, pourquoi pas, devenir président des États-Unis.

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