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lundi 5 juin 2023

Désescalade à Bakhmout ?

En Ukraine, plus d’une année maintenant de guerre, tout reste envisageable, en théorie du
moins : la poursuite des affrontements, et peut-être même leur extension à des pays voisins, mais également leur reflux, à son tour annonciateur de leur arrêt définitif à plus ou moins brève échéance. Les Ukrainiens ont récemment fait savoir que la bataille de Bakhmout, en laquelle se résume la guerre ces derniers mois, a perdu de son intensité, leurs forces ayant réussi à arrêter la progression, lente il est vrai, mais jusque-là continuelle des unités du groupe Wagner, qui cependant ne sont pas les seules forces russes à être engagées sur cette partie du front. Dans un contexte qui malgré tout reste dominé par l’initiative de paix chinoise, sur laquelle toutefois les Ukrainiens ne se sont pas encore officiellement prononcés, à la différence de leurs alliés américains et occidentaux qui eux ont déjà dit tout le mal qu’ils en pensaient, cette stabilisation du front, comme disent les Ukrainiens, pourrait bien être quelque chose de voulu par les Russes, désireux par là de montrer aux Chinois leur disposition à s’inscrire dans le plan de paix proposé par eux, pour peu que les Ukrainiens fassent eux aussi preuve de bonne volonté. Dans ce cas, la stabilisation en question, par définition un état intermédiaire, pourrait se transformer en trêve, ce qui suppose un consentement des deux belligérants.

Evidemment, elle peut s’être imposée à ces derniers, suite à un manque de munitions par exemple, ce qui du reste arrive souvent, il est vrai davantage du côté ukrainien. Les prochains jours, sinon les prochaines heures, nous en apprendront plus à cet égard. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a rappelé récemment que le rétablissement de la paix a pour première condition le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, puisque c’est son territoire à elle et en aucune façon celui de la Russie qui a été attaqué et occupé. N’empêche, a-t-il laissé entendre, cette même paix doit être juste et durable. Il ne servirait à rien de l’instaurer, s’il est certain que la Russie la ferait voler en éclats dès lors qu’elle se serait réorganisée et réarmée. L’idée a prévalu que ce qu’il voulait dire par là, c’est que cette même intégrité territoriale ne devait pas être entendue comme un principe intangible, comme un impératif absolument non négociable, car il y avait plus important, plus fondamental : le principe de durée sans lequel il n’y a pas de paix digne de ce nom. De façon plus précise, on a cru qu’il faisait allusion à la Crimée, dont les Ukrainiens devraient faire le sacrifice pour se garantir contre toute nouvelle attaque de la Russie. L’idée que le retour de la paix entre les deux pays n’est possible que si l’Ukraine accepte d’abandonner des territoires à la Russie n’est pas nouvelle, elle est aussi vieille que le conflit. Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’Etat en avait fait état dès le début de la guerre, ce qui d’ailleurs lui avait valu d’être traité de munichois par Volodymyr Zelensky, au grand déplaisir de beaucoup d’Américains. Mais alors, la Russie n’avait annexé que la Crimée, pas encore les trois autres régions que sont le Donbass, Zaporijjia et Kherson, maintenant elles aussi annexées. Blinken n’a évidemment jamais distingué entre les territoires négociables et ceux qui ne le seraient pas, ni même un autre que lui. Le plan chinois lui aussi est fondé sur ce principe d’intégrité territoriale. Pour autant, tout le monde sait bien que la Russie ne rendrait jamais tous les territoires qu’elle occupe. Parmi ces derniers en existe-t-il qu’elle serait par contre disposée à abandonner ? C’est là toute la question.

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