A quelques détails près, les législatives du 12 juin se sont déroulées comme prévu, donnant lieu d’une part à une forte abstention, et se traduisant de l’autre par la victoire des partis dont l’habitude était justement de remporter les élections. Tout le monde y a trouvé son compte, à l’exception notable des grands perdants, qui néanmoins, ce qui n’est jamais arrivé, ne les ont pas contestées. Les gagnants bien sûr, mais tout autant les abstentionnistes, qui à cette occasion ont réalisé leur meilleur score. Et qui comme de juste s’en sont félicités. Si le sentiment général n’était pas à l’euphorie sans mélange, il était loin d’être à la morosité, malgré une participation particulièrement faible. Ceux en tout cas qui avaient parié sur un lendemain qui déchante aussitôt en auront été pour leurs frais. Le FLN est arrivé en tête, malgré l’effondrement du nombre de ses électeurs, de sorte qu’il n’ira pas au musée, du moins pas dans l’immédiat. Un répit qu’il pourra mettre à profit pour redresser son cours. Le MSP, arrivé en deuxième position, ce qui en soi est un exploit, a commencé par crier victoire par la bouche de son secrétaire général, plus fort que ne l’ont fait le FLN et le RND, avant de changer graduellement de ton.
Ce qui n’était peut-être pas sans rapport avec le cours des consultations en vue de former un nouveau gouvernement. Mais dès l’annonce de la désignation de Aymen Abderrahmane au poste de Premier ministre, Abderrazak Makri a retrouvé quelques-uns des accents indignés qui par le passé montaient de tous côtés pour fustiger la fraude. C’est ainsi que si à l’annonce des résultats il avait fait état en des termes dénués d’ambigüité de la satisfaction qu’ils lui procuraient, c’est à un autre style qu’il a recouru par la suite. Makri ne semble toutefois pas être quelqu’un chez qui la dissimulation est une seconde nature, ayant par exemple reconnu que le président Tebboune n’avait pas manifesté au cours de leur entrevue une grande envie d’un gouvernement de coalition au vrai sens du mot. Cela ne l’a pas empêché d’affirmer ensuite que la fraude n’avait pas été seulement locale et limitée mais le fait aussi d’une décision centrale, que très habilement il a mise sur le compte des restes de la Issaba, une main invisible à qui bien des méfaits seront encore imputés et par bien des côtés. On pourrait croire qu’elle a été démantelée quant à l’essentiel au vu des emprisonnements touchant des personnalités de premier plan effectués au cours de ces deux dernières années. Non, nous dit Makri, elle est plus que jamais à l’œuvre, elle a marqué de son empreinte les résultats des législatives. Le nouveau Premier ministre ayant été membre du gouvernement précédent, il ne serait pas étonnant que d’autres ministres soient reconduits dans leurs fonctions. On pense notamment à ceux qui avaient été en première ligne ces derniers mois. Pour autant, il serait imprudent de faire des pronostics à cet égard. Imprudent et inutile, puisque la composition du nouveau gouvernement sera connue dans les prochaines heures. Pour le moment il convient de relever que le titre décerné à A. Benabderrahmane au moment de sa nomination est celui de Premier ministre. C’est là un gage de continuité.