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samedi 10 juin 2023

Des législatives en Tunisie que rien n’a pu faire avorter

Dimanche prochain 17 décembre se tiendra en Tunisie le premier tour des premières législatives intervenant dans le cadre de la nouvelle Constitution, adoptée par voie référendaire le 25 juillet de cette année, puis promulguée en août, mais également sous le régime d’une nouvelle loi électorale. Nombre de partis ont fait savoir qu’ils les boycotteraient, mais d’autres à l’inverse ont annoncé leur participation. Il convient de relever qu’aux termes de la nouvelle loi électorale, ces élections ne sont pas tant l’affaire des partis que des individus, à qui il est même interdit de mentionner leur parti, s’ils en ont un, dans leur dossier de candidature. Il a même été question un certain moment de leur faire interdiction de mener campagne sous la bannière de leur parti. Sous l’ancienne Constitution, celle de 2014, l’Assemblée législative comptait 208 sièges, et elle était unique. Elle n’en compte plus que 161, et elle n’est plus la seule à faire les lois, une tâche qu’elle partage désormais avec une deuxième chambre. Si le nouveau régime ne va jusqu’à interdire les partis, qui encore récemment ont pu organiser une manifestation, aux proportions des plus modestes, force est de le reconnaître, on peut dire cependant qu’il fait tout ce qu’il peut pour les marginaliser.

Comme si son but était de les voir se convaincre eux-mêmes de leur inutilité, et se décider en conséquence à se dissoudre. A la veille de ces législatives, ce n’est toutefois pas d’eux qu’est venue la charge la plus forte contre l’ordre nouveau en train de s’imposer mais de l’UGTT qui sans appeler nettement au boycott a quand même dit qu’elle ne leur voyait plus rien de bon. Or la Centrale syndicale a soutenu le processus initié par le président Kaïs Saïed le 25 juillet de 2021, dont les législatives de dimanche prochain sont appelées à être en quelque sorte le couronnement. Dès l’annonce des résultats et l’installation de la nouvelle Assemblée, une nouvelle page devrait s’être ouverte dans l’histoire de la Tunisie, où certes les oppositions au nouvel ordre ne se dissiperaient pas comme par enchantement, mais où elles ne tiendraient pas la place qu’elles occupent encore aujourd’hui, du fait précisément de leur incapacité à faire échec à l’agenda du président. Ayant appelé au boycott des élections, ces derniers, qui n’ont pas réussi à mobiliser la rue bien qu’ils aient eu tout le temps pour cela, en sont réduits à fonder leurs espoirs, dans l’immédiat sur une abstention massive, et à plus longue échéance sur une révolte populaire consécutive à une dégradation continue des conditions de vie des Tunisiens, dans un contexte économique favorable puisque marqué par une forte inflation importée. Rien ne dit pour l’heure que ce calcul soit faux, mais rien non plus qu’il soit juste, et que c’est à une évolution de ce genre que les autorités tunisiennes devraient bientôt faire face. Il ne faut pas perdre de vue que depuis le 25 juillet 2021 les opposants à Saïed font ce genre de prédiction sans qu’elle se produise le moins du monde. La paix civile politique reste la caractéristique principale du pays, comme tendent paradoxalement à le prouver les vaines tentatives de l’opposition de la perturber. Si en effet la Tunisie n’était pas un pays essentiellement stable, un président qui entend refonder son régime sur des bases nouvelles, nouvelles en tout cas par rapport à celles qui le portaient auparavant, aurait provoqué ce faisant contre lui une tempête qui certainement n’aurait pas tardé à l’emporter. Or rien de tel ne s’est encore produit, et vraisemblablement ne se produira.v

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