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jeudi 28 mars 2024

Dérogations

Craignant peut-être de voir une réconciliation définitivement tomber à l’eau, le gouvernement de Joe Biden a rétabli sans annonce officielle des dérogations-clés qui protégeaient de la menace des sanctions américaines des pays et sociétés étrangers impliqués dans des projets nucléaires non militaires mais qui avaient été annulées sous la présidence de Donald Trump. «Nous avons décidé de rétablir une dérogation aux sanctions pour permettre une participation externe» afin de garantir la «non-prolifération», en raison des «inquiétudes croissantes» créées par le développement continu des activités nucléaires iraniennes, a confirmé vendredi un haut responsable américain. Cette décision doit aussi permettre de « faciliter» des «discussions techniques» qui sont «nécessaires dans les dernières semaines des pourparlers», a-t-il ajouté, établissant un lien direct avec les négociations qui doivent reprendre dans les prochains jours avec Téhéran et les autres grandes puissances. «La dérogation elle-même serait essentielle pour assurer le respect rapide par l’Iran de ses engagements nucléaires» en cas de compromis à Vienne, où se tiennent les négociations, a-t-il ajouté. Mais même sans accord dans la capitale autrichienne, «ces discussions techniques contribueront tout de même à remplir nos objectifs de non-prolifération» a-t-il assuré. Pour autant, Washington assure qu’il «ne s’agit pas d’une concession à l’Iran» ni d’un «signal indiquant que nous sommes sur le point de parvenir à une entente» pour sauver l’accord de 2015 censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique. «Nous n’avons pas accordé d’allègement des sanctions à l’Iran et nous ne le ferons pas tant que Téhéran ne respectera pas ses engagements dans le cadre du JCPOA», a tweeté plus tard le porte-parole du département d’État, Ned Price. Donald Trump, qui avait retiré en 2018 les États-Unis de cet accord et rétabli l’essentiel des sanctions économiques américaines contre Téhéran dans le cadre d’une campagne de  » pression maximale « , avait d’abord régulièrement prolongé ces dérogations en invoquant, lui aussi, la nécessité de «réduire les risques de prolifération». Mais en mai 2020, alors qu’il ne parvenait pas à faire plier la République islamique pour obtenir un «meilleur accord», son gouvernement avait fini par supprimer aussi ces dérogations. Les Européens avaient profondément «regretté» cette décision, estimant qu’elle supprimait des «garanties» sur la nature «pacifique» du programme iranien. Les dérogations concernent notamment le réacteur de Téhéran destiné à la recherche, ainsi que le réacteur à eau lourde d’Arak, modifié sous le contrôle de la communauté internationale de manière à rendre impossible la production de plutonium à usage militaire. Reste à voir désormais si malgré les protestations américaines, cet assouplissement aura une incidence sur une prochaine entente entre l’Iran et les États-Unis alors que les négociations s’éternisent et que les deux camps campent sur leurs positions.

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