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jeudi 28 mars 2024

Derniers soubresauts d’une présidentielle américaine chaotique

Demain se joue le dernier acte de la présidentielle la plus chaotique de l’histoire des Etats-Unis, celle dont jusqu’au bout l’issue aura été incertaine, alors même que du point de vue des résultats officiels la victoire de Joe Biden sur Donald Trump a été suffisamment confortable pour en principe faire tomber toute velléité de la remettre en cause. Ce n’est en effet que demain que les deux chambres réunies en congrès apporteront leur caution au vote des grands électeurs, intervenu dès le 14 décembre dernier, ce qui de premier abord semble aller de soi, à moins qu’elles prennent tout le monde à contrepied en dégageant une majorité s’inscrivant en faux contre cette victoire. Un scénario qui pour improbable qu’il soit n’en est pas moins dans tous les esprits aux Etats-Unis. Il faut dire que jusqu’à la dernière minute Donald Trump se sera employé en ce sens, refusant de reconnaître sa défaite, la mettant sur le compte d’une fraude électorale faite à ses dépens sans précédent dans l’histoire de ce pays, appelant l’opinion à se mobiliser pour le faire rentrer dans son droit spolié. Cette dernière minute qu’il lui reste à mettre à profit, c’est le vote de demain du Congrès, une séance de pur apparat qu’il compte transformer en une ultime bataille légale contre une fraude qui pour lui a été éhontée.

La veille, il avait appelé au téléphone un responsable républicain de Géorgie pour lui demander comme en désespoir de cause de lui trouver les milliers de voix dont il avait besoin pour faire annuler la victoire de Biden dans cet Etat de tradition républicaine. Une copie de cet entretien surréaliste est parvenue au «Washington Post», qui évidemment l’a rendue publique dans sa totalité. Il est déjà question de poursuites judiciaires à engager contre lui sur cette base. Il semble en effet dans cette conversation téléphonique faire pression sur son correspondant en vue de lui faire commettre quelque chose de parfaitement illégal. En fait, l’homme qui tient un tel langage est de bonne foi : il croît sincèrement avoir été victime d’un tort si immense que tout lui est bon pour le redresser, y compris la fraude, qui pour lui ne serait de toute façon jamais de la même ampleur que celle qui l’avait frustré d’une victoire manifeste. Lors du vote de demain, beaucoup de républicains seront du même avis que lui. Ils ne reconnaîtront pas la victoire de Biden. Ils seront d’autant plus nombreux que lui-même aura maintenu la pression sur les représentants et sénateurs de son camp. Le 14 décembre dernier, le jour du vote des grands électeurs, ses partisans avaient défilé en masse dans plusieurs grandes villes du pays. Il faut s’attendre à ce qu’ils soient demain nombreux à converger sur Washington, en réponse à son appel. Ils le seront vraisemblablement d’autant plus que les deux sièges au Sénat en jeu aujourd’hui en Géorgie seront revenus à des républicains, qui ainsi conserveront le contrôle sur le Sénat. Dans le cas contraire, la partie sera peut-être définitivement perdue pour Trump. La victoire de Biden ne sera admise par la majorité des représentants républicains que si ce sont les démocrates qui disposent de la majorité dans les deux chambres. Un Sénat qui resterait sous le contrôle des républicains passerait deux années à contester sa légitimité. Il se trouverait alors au moins pendant les deux premières années de son mandat dans une situation comparable à celle qui fut faite par les démocrates à Trump au lendemain de sa victoire sur Hillary Clinton en novembre 2016.

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