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vendredi 29 mars 2024

Déni

Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites continue en France, de plus en plus d’opposants n’hésitent pas à parler de «crise démocratique» pour définir l’attitude de l’exécutif face à la protestation populaire qui se dresse contre le projet de loi avancé par le gouvernement et ardemment soutenu par le président de la République, Emmanuel Macron. Ce dernier, agacé par ses adversaires politiques qui remettent en cause sa légitimité à la tête de l’État, n’hésitent pas à brandir, une fois encore, le spectre de l’«extrême-droite» qui n’attendrait que l’occasion propice pour conquérir le pouvoir. Interviewé par le quotidien «Le Parisien», le chef de l’État a affirmé sa volonté de se «réengager dans le débat public». Alors que sa cote de popularité est au plus bas, il assure que «la présidente du Rassemblent National arrivera à l’Elysée si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou du déni du réel». «Peut-être que j’aurais dû plus me mouiller». Un mois après l’adoption de la très contestée réforme des retraites, Emmanuel Macron s’est longuement exprimé, ce dimanche, dans les colonnes du «Parisien». S’il reconnaît sur la forme une «erreur», celle de ne pas avoir été «assez présent pour donner une constance et porter cette réforme», sur le fond, le président reste inflexible. Il a réaffirmé la «nécessité» de cette réforme pour combler le déficit et ainsi engager de nouveaux projets. «Pour lancer ces grands chantiers, il faut d’abord faire la réforme des retraites qui nous redonne du muscle, parce qu’elle réduit le déficit des retraites», insiste-t-il. Au cours de cette interview, le président a annoncé sa volonté de se «réengager dans le débat public». Il a néanmoins apporté sa «confiance» à sa Première ministre, Elisabeth Borne, dans la tourmente depuis l’usage du 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites. «Elle fait bien son travail dans un moment difficile pour le pays», a insisté Macron. Parmi les sujets de préoccupation : l’inflation. «Les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à la fin de l’été», a reconnu le chef de l’État, renvoyant ainsi la balle aux «employeurs» et au «dialogue social». Mais surtout, il semble vouloir «faire peur» aux protestataires et à ceux qui continuent à critiquer ses réformes en utilisant son adversaire au second tour des deux dernières élections présidentielles, comme un monstre prêt à bondir. S’imagine-t-il être raccompagné par Marine Le Pen sur le perron de l’Elysée en 2027 ?, lui demande une lectrice. «Il y a beaucoup de gens qui font cette politique-fiction et qui lui font bien la courte échelle», déplore le président de la République, qui assure ne pas avoir «de leçons à recevoir» à ce sujet, car lui l’a «battue deux fois». Toutefois, si Macron a battu Le Pen deux fois, ce n’est pas sur le terrain des idées, mais bien grâce au «front républicain», qui fonctionne par ailleurs de moins en moins bien, en utilisant la peur pour pousser les électeurs à voter pour lui. Mais ces méthodes ne prennent plus et les Français semblent dernièrement être particulièrement blasés. Ces dernières semaines, la popularité de Marine Le Pen est d’ailleurs très élevée et sa quatrième présidentielle pourrait bien être celle qui la propulsera finalement à l’Élysée.

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