Cela fait déjà des années que plusieurs personnalités politiques et médiatiques reprochent à La France Insoumise son manque de démocratie interne. Toutefois, les cadres et élus du parti d’extrême-gauche ont toujours rejeté ses accusations, considérant cela comme des attaques visant uniquement à souiller le parti car devenant trop dangereux pour le «système». L’affaire Quatennens, qui a éclaté il y a trois mois et qui implique le député du Nord qui a avoué avoir giflé son épouse, a chamboulé l’organigramme de LFI, poussant son chef de file Jean-Luc Mélenchon à remanier la direction du parti, au grand dam de plusieurs Insoumis qui ont été écartés la semaine dernière. Condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, Adrien Quatennens a ainsi été définitivement retiré de la tête du mouvement. À sa place, c’est Manuel Bompard, très proche de Jean-Luc Mélenchon, qui a été choisi pour prendre le relais. Or, certains cadres de La France Insoumise ont été aussitôt mis de côté : François Ruffin, Clémentine Autain, Éric Coquerel ou encore Alexis Corbière. Une éviction que ce dernier n’apprécie pas, au point de s’en émouvoir publiquement dans un entretien au «Monde» où il fait état d’«une situation insatisfaisante». «J’ai en tout cas un radical désaccord avec le résultat, conséquence d’un processus qui ne joue pas collectif, n’associe pas assez les militants et n’intègre pas les différentes sensibilités de notre mouvement qui s’incarnent dans certaines ‘’personnalités’’, comme on dit», déplore le député de la Seine-Saint-Denis. Corbière précise que «son problème ne porte pas sur l’absence de tel ou telle». L’élu de la Nupes dit regretter un manque de «parité sociale» au sein de la direction et réclame des «dirigeants issus de zones rurales, des quartiers populaires, des militants syndicaux, associatifs et surtout issus des classes populaires». Aussi assure-t-il que François Ruffin et Clémentine Autain «disent des choses stimulantes». «Tous ces tempéraments forts, et d’autres encore, doivent se retrouver dans une équipe de direction pensante». Après avoir lancé «un appel à l’apaisement» et «à l’unité», le député «demande une explication pour dépasser les moments de tension». À la question de savoir s’il veut figurer parmi les membres de la direction de LFI, Alexis Corbière rétorque : «Si ma personne est un problème, je ne suis pas candidat». Tout en précisant cependant : «Je suis un républicain, social, écologique, attaché à la laïcité émancipatrice authentique (…) Je souhaite que ce courant d’idées existe plus nettement dans cette nouvelle équipe dirigeante». À l’«obligation de discrétion absolue» requise, selon Jean-Luc Mélenchon, pour être parmi ceux de la direction, Alexis Corbière répond : «La seule discipline que je connaisse en politique, c’est la discipline des consciences, pas celle des armées». Et le francilien d’annoncer qu’un «groupe de travail de députés volontaires, de différentes sensibilités» a été mis en place et que «des propositions seront faites au sujet de cette nouvelle direction». Un discours qui tranche nettement avec celui que Corbière tenait encore il y a peu sur les plateaux de télévision pour défendre la démocratie qui régnait au sein de LFI et pour accuser toute personne qui avait des doutes sur les méthodes de gestion de Jean-Luc Mélenchon et de ses plus proches collaborateurs, de mauvaise foi. Visiblement, à La France Insoumise la démocratie n’existe que lorsque l’on jouit des faveurs du chef, mais elle disparait aussitôt que l’on est mis de côté et obliger, piteusement, de reconnaître publiquement les défaillances du mouvement.