Si le président Emmanuel Macron, fraîchement réélu, avait encore, après un premier tour des élections législatives serré, quelques perspectives de réussir à convaincre les électeurs français de lui accorder les pleins pouvoirs au Parlement, les résultats de dimanche soir douchent définitivement ce dernier espoir. En effet, si la coalition présidentielle
Ensemble ! remporte le plus de voix, elle ne réussit toutefois pas à attendre le nombre de sièges qui lui permettrait d’avoir la majorité à l’Assemblée Nationale, et sans cela le pays pourrait bien être ingouvernable avec un gouvernement incapable de faire passer la moindre loi ou réforme. C’est donc une défaite de fait d’Emmanuel Macron qui pensait certainement qu’après avoir remporté haut la main la présidentielle, il en serait de même pour les législatives comme en 2017. Mais la débâcle de l’Élysée n’est pas le seul point fort de ces législatives, avec une percée historique des députés du Rassemblement National, qui étaient au nombre de 8 lors du dernier quinquennat et qui seront désormais 89. Du côté de la LFI qui réussit grâce à sa coalition de la gauche à s’imposer avec 131 députations, la joie est moins présente, les Insoumis espérant eux aussi obtenir la majorité. La droite, elle, sauve les meubles avec 61 sièges. Ceux qui craignaient chez Les Républicains de voir le parti finir comme le Parti socialiste en 2017, qui avait obtenu 20 députations après avoir dominé durant cinq ans le Parlement. Ces résultats inédits sous la Ve République, posent clairement la question de la capacité de Macron à faire voter les réformes promises, notamment celle des retraites. Ils ouvrent une période délicate de tractations à tous les niveaux pour sceller des alliances, remanier le gouvernement et négocier les postes de responsabilités dans la nouvelle Assemblée. Macron, qui a, une fois n’est pas coutume pour un président de la République, mené campagne la semaine passée, avait exhorté les Français à lui donner «une majorité forte et claire», se retrouve affaibli deux mois seulement après sa réélection face à Marine Le Pen. «Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d’action, il n’y a pas d’alternative», a assuré la Premier ministre, Elisabeth Borne, elle-même élue de peu dans le Calvados, en affirmant que cette «situation inédite constitue un risque pour notre pays». Autre mauvaise nouvelle de la soirée, le taux d’abstention qui atteint les 53,79 %. Sans surprise, Jean-Luc Mélenchon s’est félicité de la «déroute totale» du parti présidentiel en annonçant que la NUPES allait «mettre le meilleur» d’elle-même «dans le combat parlementaire». Toutefois, Mélenchon qui comptait sur un raz de marée de son mouvement sur le Parlement ne peut se réjouir tout à fait. Surtout que contrairement à ce qu’il annonçait encore en journée dimanche, ses chances d’être nommé Premier ministre son nulles. Reste à voir comment le gouvernement, qui devrait être remanié prochainement, affrontera ce quinquennat qui s’annonce difficile et qui efface rapidement le sourire de triomphe qu’affichait Macron et son équipe au soir de sa victoire à la présidentielle.