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samedi 20 avril 2024

Déconstruction

Comme il fallait s’y attendre, désormais à moins d’un an de la présidentielle française, chaque mot prononcé par le Président Emmanuel Macron, candidat non déclaré pour le moment à sa réélection, fait l’objet de multiples commentaires et critiques. Surtout que Macron continue à caracoler avec Marine Le Pen en haut des intentions de vote, loin devant les autres candidats officiels ou potentiels. Xavier Bertrand, ex-ministre de Nicolas Sarkozy qui brigue officiellement le poste de président de la République, profite ainsi d’un passage de Macron à la télévision américaine pour dénoncer ses propos. Le président des Hauts-de-France critique Emmanuel Macron, dans une tribune au quotidien «Le Monde» parue cette semaine, pour avoir suggéré en avril de «déconstruire» l’Histoire pour lutter contre le racisme. «L’heure n’est pas à la déconstruction de l’histoire, mais à la reconstruction d’une cohésion nationale abîmée par votre incapacité à assurer la sécurité des Français, à restaurer la souveraineté migratoire et à soutenir l’action quotidienne de nos services publics», écrit Xavier Bertrand, également candidat à sa réélection dans la région. Emmanuel Macron avait affirmé dans une interview en anglais diffusée par la chaîne CBS le 19 avril que lutter contre le racisme passait par la «transparence, le dialogue et d’une certaine manière, par la (déconstruction) de notre propre histoire». Pour Xavier Bertrand, cette déclaration du président de la République est «injuste au regard de ce qu’est la France et instille un poison mortel dans notre unité nationale». L’ancien ministre du Travail et de la Santé n’entend pas «réfuter la nécessité de faire retour sur notre histoire, d’engager les débats nécessaires, de nommer les choses», mais juge «hors de question de laisser penser, de laisser dire, que notre société serait fondée sur une logique de domination et de discrimination institutionnalisée». «Ce qui est en jeu aujourd’hui, ce n’est pas le nécessaire devoir de mémoire et la lutte indispensable contre toutes les formes de discriminations. C’est un combat à mort qui est engagé contre nos valeurs, contre notre modèle de société. En instrumentalisant le débat sur la colonisation et l’esclavage, les démolisseurs de notre civilisation cherchent à imposer l’idée que l’Occident se serait construit sur l’asservissement et le crime», considère Xavier Bertrand. «Entre la déconstruction de nos valeurs nationales et la confrontation entre les Français au risque de la guerre civile, entre Macron et Le Pen, il faut donner aux Français un autre choix», juge-t-il. Reste que le candidat de droite non adoubé, pour le moment du moins, par Les Républicains, devra trouver de plus solides arguments contre Emmanuel Macron en ces temps de crise où le reflexe pour beaucoup de peuple est de maintenir le statu quo. En 2004, aux États-Unis, tous pensaient que George W. Bush dont les mensonges pour envahir l’Irak avaient été dévoilés et qui voyait déjà la guerre en Afghanistan s’éterniser, ne pouvait que perdre face au très propre John Kerry, mais les Américains avaient choisi de le garder à la Maison-Blanche pour quatre années encore. Reste à voir quelle stratégie mettra en place Bertrand pour convaincre les Français qu’il a sa place à l’Élysée et surtout si les Français y adhéreront.

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