Mangeshkar, surnommée «le rossignol de l’Inde», chantait principalement des chansons de films, même si beaucoup étaient également des airs religieux appelés bhajans…
Par Abla Selles
Le gouvernement indien a décrété une période de deuil national de deux jours suite à la disparition, hier, de la grande icône du cinéma indien Lata Mangeshkar. Agée de 92 ans, l’artiste qui a chanté Mangal Deep Jele souffrait de multiples complications post-Covid. Elle a été admise à l’hôpital Breach Candy de Mumbai en janvier pour une pneumonie alors qu’elle souffrait déjà de problèmes cardiaques.
Mangeshkar, surnommée «le rossignol de l’Inde», chantait principalement des chansons de films, même si beaucoup étaient également des airs religieux appelés bhajans. Elle était également responsable des chanteurs gagnant des redevances plutôt qu’un simple paiement unique grâce à une bataille solitaire qu’elle a menée dans les années 1960 qui a finalement porté ses fruits en 2018.
Lata Mangeshkar a commencé très tôt sa formation musicale sous la tutelle de son père, musicien et acteur de théâtre Deenanath. Après sa mort, Lata a chanté sous l’égide de l’ami de la famille Vinayak. Les critiques ont trouvé au début que sa voix était trop avare. Cependant, Mangeshkar a percé d’abord dans les films marathi et plus tard dans le cinéma hindi. Formée à la musique classique hindoustani, elle a également étudié la langue ourdou, car de nombreux paroliers des années 1940 écrivaient dans cette langue. Sa formation en musique classique est évidente dans des chansons telles que Man Mohana Bade Jhoote dans Seema de 1955. Après, c’est le directeur musical Ghulam Muhammad qui l’a prise sous son aile et il lui a donné une chance de chanter dans Majboor. Dans Mahal de 1949, la première Madhubala s’est synchronisée sur les lèvres avec Mangeshkar en chantant Aayega aanewala, qui est devenu l’un de ses tubes à feuilles persistantes.
Son immense gloire l’avait rendue incontournable au point d’être invitée à chanter, en janvier 1963, aux commémorations du Jour de la République de l’Inde. Elle y interpréta un hommage patriotique aux soldats tués dans la guerre sino-indienne de 1962, Ae mere watan ke logon (Ô peuple de mon pays) qui, dit-on, émut aux larmes le Premier ministre Jawaharlal Nehru.
La réussite de Mangeshkar n’est pas venue du vide. D’abord elle avait le don puis elle a beaucoup travaillé sur sa voix et acquit au fils des années le savoir- faire et l’expérience ce que lui a valu le nom de «la reine incontestée de Bollywood». Après, ses albums se sont vendus en grand nombre pour HMV. Accompagnée de sa jeune sœur Asha Bhonsle et son frère Hridayanath Mangeshkar, elle a travaillé avec la quasi totalité des compositeurs du pays.
Dans un hommage à Mangeshkar, le regretté Dilip Kumar a dit un jour : «La façon dont le parfum d’une fleur n’a pas de couleur, un printemps qui coule ou une brise fraîche n’appartient à aucun pays, le sourire d’un enfant innocent n’a pas de religion, de même la voix de Lata Mangeshkar est un miracle de la créativité de la nature».
A.S.