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samedi 20 avril 2024

Décalque

Il y a quelques jours la décision de la Cour Suprême américaine d’annuler la jurisprudence garantissant le droit des américaines à avorter a eu un impact plutôt insolite sur la scène politique en France, ou pourtant ce droit n’est absolument pas remis en question et encore moins en danger. Pourtant, depuis la semaine dernière les déclarations alarmistes se sont multipliées avec certains partis politiques réclamant désormais que le droit à l’accès à l’avortement soit inscrit dans la constitution. Samedi, la chef de file des députés LREM, Aurore Bergé, a en effet annoncé avoir déposé une proposition de loi constitutionnelle pour protéger l’accès à l’IVG. La députée a rapidement reçu le soutien de la première ministre, Élisabeth Borne, et celui de la NUPES, bien que LFI a tenu à rappeler avoir déjà proposé cette mesure en 2018 et 2019. Pourtant, cette proposition, qui semble avoir été pensée à la va-vite n’est pas reçu positivement par tous et même au sein de la majorité présidentielle l’on exprime des réserves. Le président du MoDem François Bayrou, s’oppose à cette mesure.  » Je ne suis pas pour « , affirme le maire de Pau dès dimanche. Pour lui,  » c’est surprenant que ce qui se passe aux États-Unis entraîne des réactions effervescentes dans la vie politique française « .  » Je ne suis pas pour qu’on décalque la vie politique sur celle des États-Unis « , met donc en garde François Bayrou. Et il n’est pas le seul à le penser.  » Aucun mouvement politique sérieux ne remet en cause en France la loi Veil, acquis à protéger « , ironise quant à lui le président du Rassemblement National, Jordan Bardella.  » Pour masquer son incapacité à régler les vrais problèmes du pays, la majorité s’en invente des fictifs « , dénonce également le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau. Cette dissonance entre François Bayrou et la présidente du groupe LREM serait par ailleurs une façon, pour ce proche soutien du président de la République, de rappeler que le MoDem est un allié du parti présidentiel, mais avec ses spécificités. Et de raviver ses critiques envers la locataire de Matignon. François Bayrou affirmait en effet mercredi dernier que  » les temps exigent que le premier ministre soit politique « , ciblant directement Élisabeth Borne. Tout en soulignant que c’est à Emmanuel Macron de faire le choix de son chef de gouvernement, et qu’il  » n’est pas une femme « . Reste que grâce à cette thématique le parti présidentiel a pu détourner l’attention publique et médiatique de son échec aux législatives et sur les suites qu’aura le second mandat d’Emmanuel Macron. La permanence de ce sujet depuis une semaine montre aussi la forte emprise qu’a aujourd’hui l’actualité américaine sur la vie politique française et comment de problématiques purement américaines deviennent des sujets brulants en France. L’américanisation de la société que redoutait tant certains dirigeants, en allant du Général de Gaulle à Jacques Chirac semble finalement bien se produire avec de plus en plus de responsables politiques qui désormais plutôt que de chercher à la freiner semble au contraire aider à son accélération.

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