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vendredi 19 avril 2024

Déboires

 

Le déclenchement de la guerre en Ukraine et la forte solidarité exprimée par la Pologne et la Hongrie avait pour un temps calmé les tensions de ses deux pays de l’Est avec l’Union Européenne. Mais les lourdes conséquences économiques sur les pays du Vieux continent des sanctions contre Moscou ont ravivé le conflit intra-européen. Le premier ministre hongrois Viktor Orban a d’ailleurs qualifié hier les sanctions de l’UE contre la Russie de « pas vers la guerre », intensifiant ses critiques contre une stratégie bruxelloise jugée « dangereuse ». « Quiconque intervient économiquement dans un conflit militaire prend position », a déclaré le dirigeant nationaliste lors de sa traditionnelle interview à une radio proche du pouvoir. « Petit à petit, nous glissons vers la guerre », a-t-il insisté, s’inquiétant de l’accumulation de mesures prises pour sanctionner l’offensive russe en Ukraine. Viktor Orban dénonce régulièrement les sanctions européennes, même s’il les a votées aux côtés de ses partenaires, les blâmant pour les déboires économiques de son pays. L’économie s’est contractée au troisième trimestre (en comparaison du deuxième) et l’inflation dépasse les 20%, atteignant même 45% dans l’alimentation. Le gouvernement a lancé une « consultation nationale » sur le sujet et placardé dans le pays des affiches avec un message flanqué d’une photo de missile : « Les sanctions de Bruxelles nous ruinent ». Le premier ministre s’est dit prêt à « combattre » un éventuel nouveau paquet de sanctions et à faire en sorte que la Hongrie, très dépendante des hydrocarbures russes, en soit « exemptée », comme c’est le cas pour l’embargo sur le pétrole. « Maintenant nous fournissons des armes destructrices, nous entraînons des soldats ukrainiens sur notre propre territoire, nous imposons des sanctions sur l’énergie.(…) Nous devenons partie intégrante » du conflit, a insisté Orban. « On ne nous tire pas encore dessus, mais nous sommes sur le point de devenir un belligérant. L’Europe se livre à un jeu très dangereux », a-t-il conclu. Une sortie qui tranche des discours du reste des pays de l’UE qui eux continuent à soutenir, bon gré mal gré, les sanctions et la ligne de Bruxelles. Cela n’est bien entendue pas pour aider les relations entre les fonctionnaires européens et Budapest et le divorce pourrait être total si Orban continu à critiquer Bruxelles et ses méthodes. En retour, l’UE a affirmé il y a encore peu que la Hongrie ne peut plus être considérée comme une démocratie à part entière. Cela mènera-t-il toutefois à une sortie du pays de l’UE, surtout en sachant que les chefs d’États changent et que la Hongrie pourrait changer de cap en cas de changement de dirigeant. Mais les hongrois eux ne semblent pas craindre l’État-Major européens ayant décidé de reconduire Orban dans son poste pour un quatrième mandat en mai dernier.

Fouzia Mahmoudi

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