La débâcle des vaccins en France est une occasion en or pour les opposants d’Emmanuel Macron de critiquer l’action présidentielle et d’égratigner un probable futur adversaire de la course à l’Élysée de 2022. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (ex-Les Républicains), a ainsi estimé, sans surprise, qu’Emmanuel Macron avait commis «une faute gravissime» avec sa stratégie de vaccination qui «nous conduit inévitablement à l’échec», dans une interview au «Parisien», publiée lundi soir. «Il devra s’en expliquer devant les Français», a affirmé le probable candidat de la droite à la prochaine présidentielle. Car «un échec, cela signifie que nous, Français, ne serons pas protégés contre le Covid, avec une vie économique et sociale qui ne reprend pas ses droits et un déclassement insupportable», a-t-il ajouté. Estimant que la vaccination doit être «la priorité nationale» avec «une campagne de promotion grand public», Xavier Bertrand a appelé l’exécutif à «faire toute la transparence» sur le nombre de vaccins disponibles. «Nous ne pouvons pas revivre le même mensonge officiel que sur les masques, ce fiasco où la doctrine a été guidée par la pénurie», a-t-il affirmé. Pour accélérer le rythme, il a évoqué «un consentement oral et non écrit à la vaccination», ou encore l’idée de confier la logistique à «des logisticiens privés qui savent faire, un service de santé des armées». Mais «tout cela ne peut fonctionner qu’avec une profonde décentralisation et en travaillant avec les élus locaux», a-t-il ajouté, se disant lui-même prêt à ouvrir des centres de vaccination «dans nos espaces publics ou les lycées». «Il faut aussi, bien sûr, acheter des doses en plus de celles commandées par l’Europe», a-t-il estimé, quitte à payer le vaccin plus cher : «La santé humaine n’a pas de prix», a affirmé Xavier Bertrand, qui aimerait «être sûr qu’on n’a pas mégoté sur les prix, ce qui expliquerait pourquoi nous ne sommes pas prioritaires pour les livraisons». Plaidant lui aussi pour changer «totalement l’approche», le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a appelé à «tous nous engager en faveur de la vaccination, avec une volonté politique de tous les élus, du président au maire de la plus petite commune». Fustigeant le «pilotage ultracentralisé» de la stratégie vaccinale, il a vanté, auprès du «Figaro», «le modèle allemand d’une collaboration entre l’État et les régions». «Il faut confier aux régions et aux collectivités locales l’organisation des modalités logistiques de la campagne de vaccination de façon décentralisée», a martelé Laurent Wauquiez, dont le nom est aussi parfois évoqué pour 2022. Toutefois, si les chances, quoique tout peut arriver comme on l’a vu en 2017, de Wauquiez soient limitées pour 2022, la stratégie de critique d’Emmanuel Macron et de ses décisions depuis le début de la crise sanitaire font l’unanimité. Xavier Bertrand, dont les chances sont déjà beaucoup plus élevées de se retrouver au rendez-vous de la prochaine élection présidentielle semble également décidé à ne rien lâcher et à mettre en avant toutes les erreurs faites par le gouvernement, imputables à Emmanuel Macron, pour disqualifier le président. Reste à voir si cette méthode portera ses fruits et permettra aux adversaires du chef de l’État français de gagner des points auprès des électeurs encore indécis et qui pourraient faire basculer les résultats du scrutin présidentiel qui se tiendra dans un peu moins de dix-huit mois.