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vendredi 19 avril 2024

Débâcle

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont qualifiés dimanche au second tour de l’élection présidentielle, comme l’avaient prédit les sondages depuis plusieurs semaines déjà. La surprise, elle, vient plutôt du score du troisième homme du scrutin, Jean-Luc Mélenchon, qui culmine à 21,95 %. Macron a lui récolté 27,84 % et Marine Le Pen 23,15 %. Ces trois candidats représentent à eux seuls près de 75 % des suffrages exprimés dimanche. Autant dire que les autres candidats au scrutin n’avaient pas beaucoup de voix à se partager. Mais les scores les plus piteux sont sans aucun doute ceux des Républicains et des socialistes qui ont respectivement récolté 4,78 % et 1,75 %. Cumulés, les scores de Valérie Pécresse et d’Anne Hidalgo n’atteignent même pas les 6 % du PS de la présidentielle de 2017. C’est une débâcle historique pour le parti de l’ancien président Nicolas Sarkozy : la candidate Les Républicains (LR) a enregistré dimanche le pire résultat d’un prétendant de la droite traditionnelle à l’élection présidentielle, échouant même à dépasser la barre des 5 %, synonyme de remboursements des frais de campagne par l’État. Résultat : les finances du parti sont dans une «situation critique» et Pécresse a appelé hier les Français à une «aide d’urgence pour boucler le financement de sa candidature». Pendant la campagne, de nombreux cadres LR, comme l’ancien ministre du Budget Éric Woerth ou encore l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, ont annoncé leur soutien à Emmanuel Macron. D’autres, à l’image de Guillaume Peltier, ont fait le choix de rejoindre le candidat de Reconquête !. Quant à Nicolas Sarkozy, il n’a non seulement jamais exprimé le moindre soutien à la candidate issue de sa famille politique mais ses critiques acerbes ont été régulièrement relayées par la presse. Au Parti socialiste, l’heure est également aux règlements de compte. Le PS a enregistré, avec Hidalgo comme candidate, son pire score à une élection présidentielle. En premier lieu, ce résultat fragilise la situation financière déjà délicate du PS. Le parti aurait emprunté 800 000 euros, soit le montant remboursé par l’État pour les candidats arrivant sous la barre des 5 % et a également demandé à ses fédérations de mettre la main à la poche. Si la procédure est classique pour l’élection présidentielle, les élus ont beaucoup traîné des pieds, mécontents de vider les caisses alors que des élections législatives cruciales se profilent en juin. Car c’est l’un des paradoxes du Parti socialiste : s’il ne pèse presque plus rien au niveau national, son ancrage local est encore considérable, avec une centaine de parlementaires et le contrôle d’une trentaine de départements et plusieurs grandes villes dont Paris, Rennes, Nantes, Bordeaux ou encore Lille. «Je ne suis pas certain que le PS ou LR puissent se refaire une santé lors de ces législatives», prédit cependant Jérémie Peletier, directeur des études à la Fondation Jean-Jaurès. «On constate que les résultats des législatives sont similaires à ceux de l’élection présidentielle et ces élections ont tendance à épouser les résultats du second tour», explique l’expert. Les conséquences de ces débâcles seront lourdes pour ces deux partis qui représentaient, en 2012, 56 % des voix au premier tour et qui aujourd’hui ne sont pas mieux lotis que les micro partis qui sont souvent ignorés et méprisés par les grands médias lors des campagnes présidentielles. Reste à voir si LR adoptera la même stratégie de l’autruche que le PS en 2017, prenant le risque de devenir un parti dont on se moque méprisamment, ou si ce score provoquera un sursaut pour revoir de fond en comble la ligne et le programme pour, non plus satisfaire les médias et les partis d’opposition, mais les électeurs et les militants de droite.

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