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jeudi 28 mars 2024

Dans l’ouest du pays La «blousa» oranaise, une tenue traditionnelle incontournable

La «blousa oranaise», tenue traditionnelle féminine dans l’Ouest du pays, continue de s’imposer en dépit notamment du progrès accéléré dans le monde de la mode, marquant toujours sa présence dans les ateliers de couture et les étals des magasins du marché populaire de «Mdina Jdida» ou du centre-ville.
Selon Amel Iza, chercheuse dans le domaine culturel de l’Université Oran 2 «Mohamed- Benahmed», cette tenue traditionnelle «constitue, à ce jour, une pièce maîtresse dans le trousseau de la mariée, même si leur nombre est réduit à une seule robe, alors que dans le passé le trousseau de la mariée pouvait en contenir jusqu’à 60 ‘’blousa’’ de différents types, formes et couleurs».
Si le port de la blousa n’est plus de mise dans les jours ordinaires, à l’exception des fêtes de mariage ou chez quelques femmes âgées, en raison de la prolifération des vêtements traditionnels importés dans les différents marchés d’effets vestimentaires de l’Ouest du pays, les Oranaises tiennent à cette robe traditionnelle. De nombreuses familles conservent précieusement dans leurs garde-robes des modèles anciens magnifiques, ajoute
l’universitaire.
Ce vêtement traditionnel continue ainsi d’occuper la première place dans la toilette de la mariée, lors de «tasdira», le jour de ses noces, ce qui oblige la mariée oranaise à la louer chez des magasins spécialisés ou chez quelques couturières, voire l’emprunter des proches ou des voisins. Son prix exorbitant, pouvant atteindre de dizaines de milliers de dinars, dissuade les plus intrépides.
Lors des soirées musicales, de nombreuses chanteuses du genre wahrani et de la chanson raï brillent de mille feux, vêtues, elles aussi, de cette robe, à l’instar de Djahida, Houria Baba, Soraya Kinane, Zahouania, sans oublier la défunte artiste Sabah Saghira qui apparaissait souvent en robe oranaise.
Elle est également présente chez les formations féminines des «Meddahate», à tel point que cette tenue était associée à cette musique traditionnelle de cette région du pays.

Histoire, compétence et élégance
L’histoire de la blousa oranaise, partie du patrimoine national immatériel, remonte au 19e siècle et sa véritable appellation est «gandoura», selon l’experte en patrimoine du Centre national des recherches préhistoriques et anthropologique d’Alger, Ouiza Ghalaz.
Au vu de sa valeur historique, patrimoniale et esthétique, le Musée public national «Ahmed- Zabana» d’Oran conserve une dizaine de blousa oranaises dont la conception date de la première moitié du 20e siècle et d’autres des années 1980 et 1990, selon la cheffe de service de l’animation et des ateliers pédagogiques de cet établissement muséal, Khakhaz Houaria.
Ces modèles, qui ornent le département d’ethnographie du musée, ont été acquis en 1994, dont certains sont des dons de familles oranaises, ajoute Mme Khakhaz.
Avant 1800, cette robe légendaire avait la forme d’une ample et longue «abaya» avec deux poches, puis a pris une autre forme après la Seconde Guerre mondiale, prenant le nom de «blousa» et s’est développée davantage avec l’introduction de la «taâmira» (remplissage avec des perles) au niveau de la poitrine et l’utilisation du fil élastique au niveau de la hanche et des manches, indique le styliste Chekaïk Chaïla Bachir, qui s’intéresse également au patrimoine.
«La forme de cette blousa n’est pas l’imitation d’une robe de l’épouse de Napoléon qu’elle a revêtue lors de sa visite avec son époux en 1885, mais elle est née des doigts de la femme oranaise et puisée de son environnement», a tenu à souligner le styliste.
Ce costume traditionnel se divise en plusieurs types, dont le «zaïm», le «soutége», le «tcherchek», la «pelure d’oignon», le «nid d’abeille» ou «semouk» avec l’utilisation de différents types d’étoffes de luxe ou de tissus, selon ce styliste, fort d’un demi siècle d’expérience dans la confection de la blousa oranaise.
Mahi N.

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