6.9 C
Alger
samedi 20 avril 2024

Croissance en berne dans un contexte de guerre et de sécheresse

On parle depuis un certain temps d’inflation et de récession comme si elles exerçaient leurs effets conjugués en même temps et dans le monde entier, ce qui n’est vrai qu’à moitié, nombre de pays et parfois de régions entières ne connaissant pas d’inflation à l’heure qu’il est, malgré la hausse des prix des matières premières, de la pandémie, et de la guerre en Ukraine. Ainsi de la Chine, des pays du Golfe, en premier lieu de l’Arabie saoudite, où l’inflation est plus basse qu’ailleurs dans la région, et même du Japon, où elle est inférieure à 4 %, ce qui peut paraître étonnant s’agissant d’un pays si dépendant de ses importations de matières premières, dont la tendance pour ce qui les concerne est à la hausse. Chez nous, elle se situe au-dessus de 8%, à s’en tenir au dernier chiffre disponible, celui de novembre de l’année dernière. Ce ne sont pas les prix de l’énergie qui en rendent compte, puisque le pays n’en importe pas, ou de façon marginale. Dans un pays en développement comme le nôtre, dont la population est majoritairement jeune, il y a toujours tension sur les prix, même dans le cas où les termes de l’échange sont en notre faveur, ce qui arrive quand nos revenus sont pendant quelques années supérieurs à nos dépenses. Le cas normal en Algérie, c’est une inflation forte, mais en général à un seul chiffre. A l’inverse, dans un pays comme le Japon, la baisse des prix est la pente de moindre résistance. De sorte que lorsque l’inflation monte fortement dans le reste du monde, elle reste modérée chez lui, ce qui se trouve être le cas aujourd’hui. Avec la sécheresse qui s’annonce en Algérie et chez nos voisins, il faut craindre une production agricole en retrait, et dans l’ensemble une croissance plus faible que celle que laisse prévoir la hausse des prix de l’énergie. Une partie plus grande de nos revenus servirait à compenser le déficit en produits alimentaires dû à cette sécheresse, pour autant qu’elle se confirme dans les jours qui viennent. Dans le cas d’une extension de la guerre en Ukraine, un scénario possible même s’il n’est pas pour le moment le plus probable, qui pourrait avoir pour conséquence une grave crise alimentaire à l’échelle mondiale, nos capacités en énergie ne seraient pas entamées, mais nous pourrions du mal à nous procurer les millions de tonnes de blé dont nous avons besoin chaque année. Or en temps de guerre, deux choses sont aussi nécessaire l’une que l’autre : l’énergie et le pain. Notre déficit en blé est le double de notre production de blé, qui est de 4 millions de tonnes. Le seul pays qui en termes absolus importe plus de blé que nous, c’est l’Egypte, mais pas en termes relatifs, sa population étant plus que le double de la nôtre. La production de blé est notre talon d’Achille. Le déficit en eau en est la cause principale. Un aussi vaste pays qui ne produit pas suffisamment de blé pour nourrir une population pas très grande, ainsi se présente le nôtre. Or le manque d’eau décide de tout, de la production agricole en premier lieu, mais aussi de la démographie, et des ambitions qu’on est ou non en droit d’entretenir pour l’avenir. L’agriculture algérienne a fait de grands progrès ces dernières années, mais il est à craindre qu’elle ait déjà atteint ses limites, non par négligence humaine mais par insuffisance d’eau.

Mohamed Habili

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img