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vendredi 19 avril 2024

Croire en Kiev et l’armer à tout-va

Au début, il y a de cela tout de même une quinzaine de jours, il était question d’une offensive ukrainienne au sud, sur Kherson plus précisément, qui rapidement se serait traduite par une percée du dispositif russe en plusieurs endroits de la ligne de séparation. Et puis voilà que tout dernièrement, il ne s’agit plus dans les médias – qui ne savent ce qui se passe sur le terrain militaire que par ce que les Ukrainiens, leur président tout le premier, qui prend la parole chaque soir, veulent bien leur en dire – que d’un assaut sur les lignes russes, si puissant qu’elles se seraient rompues, non plus au sud toutefois, mais à l’est, là où on ne les attendait pas. En même temps, au sud, où pourtant où ne sait plus où les choses en sont exactement, des soldats russes par sections entières auraient abandonné leurs postes, si bien que des hélicoptères russes seraient maintenant lancés à leur recherche, évidemment dans l’intention de les abattre sur place pour lâcheté devant l’ennemi. C’était plus qu’il n’en fallait plus pour que les principaux médias occidentaux se remettent à parler d’une victoire de l’Ukraine, avec l’air d’y croire plus que jamais. Une victoire qui était déjà à l’ordre du jour au début de la guerre, quand les Russes échouant à prendre Kiev, et même aucune autre grande ville ukrainienne, avait dû battre en retraite, commettant, avait-on dit, sur leur passage des crimes, dans Boutcha notamment, qu’eux-mêmes cependant avaient imputé au bataillon Azov.

Celui-ci d’ailleurs ne fait plus guère parler de lui, ayant été pour l’essentiel éliminé lors de la longue et implacable bataille de Marioupol. La question se pose toujours de savoir si les Russes avaient vraiment l’intention de prendre Kiev d’assaut, ou s’ils avaient à ce moment des raisons de croire qu’il leur suffisait de paraître dans la ville pour qu’un soulèvement ami s’y produise, ce qui d’un coup mettrait fin aux hostilités. Leur but de guerre n’étant pas l’occupation de toute l’Ukraine, mais le retour à la situation d’avant le coup d’Etat de 2014, ce scénario n’est pas à exclure d’un revers de main. Il y a toujours dans ce pays des antirusses et des prorusses. Avant que ces derniers ne prennent le pouvoir par la violence, c’étaient les premiers qui le détenaient. Un cas qui peut très bien se renouveler à l’avenir, ce que les Occidentaux et leurs alliés ukrainiens sont déterminés à empêcher. En mars dernier, l’échec, quelle qu’en soit la nature en définitive, des Russes devant Kiev avaient persuadé les Occidentaux qu’une victoire était possible. Elle ne serait pas facile, mais elle était possible, ou plus exactement elle le devenait pour la première fois à leurs yeux. C’est alors qu’ils avaient laissé tomber leurs dernières préventions quant à l’armement de l’Ukraine. Ils ne le disent pas encore, mais on sent bien qu’ils iront dans cette voie aussi loin que possible. Toutefois à la condition qu’ils continuent de croire à une victoire ukrainienne. Ils arrêteraient en revanche d’armer à tout-va Kiev s’ils perdaient foi en lui. Le doute commençait d’ailleurs à s’emparer d’eux quand la contre-offensive ukrainienne est venue à point nommer le dissiper, ranimer leur espérance. Tout succès des Ukrainiens sur le terrain, si modeste et même pour douteux qu’il soit, provoque chez eux un regain de générosité envers Kiev. Washington en est déjà à plusieurs milliards de dollars d’aide, et l’Europe pas loin derrière.

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