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samedi 20 avril 2024

Crise politique en Somalie: La tension monte à Mogadiscio

Des militaires lourdement armés se sont déployés mardi dans des secteurs stratégiques de Mogadiscio, alors que la Somalie s’enfonce dans une nouvelle crise politique qui suscite l’inquiétude de ses alliés occidentaux.

Par Mourad M.

Des soldats loyaux au Premier ministre, Mohamed Hussein Roble, ont pris position aux alentours du palais présidentiel, au lendemain de l’annonce de sa destitution par le président Mohamed Abdullahi Mohamed, alias Farmajo.
Les tensions entre les deux hommes sont récurrentes, mais cette nouvelle escalade fait craindre pour la stabilité de ce pays fragile de la Corne de l’Afrique.
«Les soldats ne sont pas loin des principaux check-points entourant le palais présidentiel, ils sont équipés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes», a affirmé, mardi à l’AFP, Saido Mumin, un résident du quartier présidentiel, à propos de ces hommes armés.
Un autre habitant du quartier, Abdukadir Ahmed, a confié que, même si la situation était calme, il était «très inquiet» quant à une possible explosion de violences.
Des hommes politiques et leaders traditionnels ont tenté de calmer la situation.
«Certains milieux politiques et chefs traditionnels ont commencé à discuter avec les deux camps pour désamorcer la crise, mais les efforts sont toujours en cours», a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un responsable au sein du bureau présidentiel.
Entamé il y a plusieurs mois, le bras de fer entre le président et son Premier ministre s’est durci ces derniers jours.
Farmajo a d’abord retiré samedi à son Premier ministre la charge d’organiser les élections attendues depuis le début de l’année, puis l’a «suspendu» lundi en l’accusant d’être impliqué dans une affaire de corruption.
Roble a répliqué lundi en accusant le président de chercher à commettre «un coup
d’État contre le gouvernement, la Constitution et les lois du pays».
Une coalition de candidats d’opposition à l’élection présidentielle a appelé mardi le chef de l’État à quitter immédiatement son poste et réclamé «une enquête urgente et des poursuites légales contre Farmajo et quiconque l’ayant aidé à monter le coup». «Ce coup d’État raté était une tentative de détruire les organes constitutionnels du pays», a-t-elle déclaré dans un communiqué. Les alliés de la Somalie – mission de l’ONU en Somalie Amisom, États-Unis, Union européenne et l’ONU notamment – ont exprimé leur «profonde inquiétude» lundi soir dans un communiqué commun.
«Nous appelons les dirigeants somaliens à privilégier les intérêts de leur pays en priorité, à favoriser une désescalade des tensions politiques, à éviter toute provocation ou usage de la force qui pourrait nuire à la paix et la stabilité», souligne leur communiqué.La section Afrique du département d’État américain a de son côté affirmé lundi que Washington était «prêt à intervenir contre ceux qui font obstruction au chemin de la paix en Somalie».
«La tentative de suspension de @MohamedHRoble est inquiétante et nous soutenons ses efforts en faveur d’élections rapides et crédibles», a ajouté sur Twitter le département d’État américain, appelant «toutes les parties à éviter l’escalade dans leurs actions et dans leurs déclarations». Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février en ayant failli à organiser des élections.
L’annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio. Dans un geste d’apaisement, Farmajo avait chargé Roble d’organiser les élections. Mais dans les mois qui ont suivi, les tensions entre les deux hommes ont perduré. Selon le complexe système électoral somalien, les Assemblées des cinq États du pays et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui à leur tour désignent le président. Les élections pour la chambre haute sont terminées dans tous les États, à l’exception de Galmudug, et les votes ont commencé début novembre pour la chambre basse.
De nombreux observateurs estiment que la crise au sommet de l’État et l’impasse électorale détournent l’attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l’insurrection jihadiste des shebab qui secoue le pays depuis 2007.
«Vous avez toutes les énergies qui sont concentrées sur les luttes internes et moins sur les shebab, cela leur profite toujours. Ils sont aussi très habiles à exploiter ces tensions politiques», a déclaré à l’AFP Omar Mahmood, analyste à l’International Crisis Group (ICG).
Bien qu’évincés de Mogadiscio par la force de l’Union africaine (Amisom) en 2011, les shebab contrôlent toujours de vastes zones rurales et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.
M. M.

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