10.9 C
Alger
mardi 16 avril 2024

Crise du Golfe, tout est bien qui finit bien

Que des pays voisins, où qu’ils soient, se réconcilient après une rupture de toutes leurs relations s’étendant sur des années, tout le monde devrait s’en réjouir, à la limite qu’on soit ou non affecté par cette crise. On ne gagne jamais rien aux différends passagers de peuples que tout rapproche depuis toujours. Entre les Qataris et les autres peuples du Golfe, il y a en effet tant de liens, dont de familiaux, que le divorce qui leur a été imposé depuis 2017, début d’une mise en quarantaine du Qatar dans son environnement immédiat, par l’Arabie saoudite, les Emirats et le Bahreïn, mais également par l’Egypte, pourtant un Etat extérieur au Golfe, ne pouvait pas durer bien longtemps. Il aura néanmoins duré trois années, un temps interminable pour des populations habituées à passer les frontières tracées sur le papier par les Etats, pour se rendre les unes chez les autres. A vrai dire, quarantaine n’est pas le terme approprié, bien qu’il soit d’actualité, pour décrire un acte d’hostilité visant à rien moins qu’à réduire le pouvoir en place dans un pays, en l’occurrence une famille régnante, une dynastie, qu’à forcer celle-ci à se rendre aux raisons de ses tourmenteurs. Le terme qui convient en l’occurrence est celui de blocus. C’est d’ailleurs celui-là même que le Qatar a toujours utilisé pour désigner la situation qui lui a été faite.

Un dispositif mis en place pour empêcher le pays en faisant l’objet de commercer avec le reste du monde, et notamment à se procurer les choses essentielles à la vie de ses habitants. La réconciliation entérinée hier lors d’un sommet du Conseil de la Coopération du Golfe en Arabie saoudite, mais annoncée depuis déjà quelque temps par le pays médiateur le Koweït, est la conséquence obligée de trois années d’un blocus dont les seuls effets néfastes auront été purement humains. Les Qataris pendant tout ce temps ont été interdits de visites chez leurs parents et de pèlerinage à La Mecque. Voilà tout le dommage qui aura été causé à la famille régnante. On comprend qu’avec un tel bilan, il fallait se rendre à la raison, lever le blocus, renouer avec le membre de la famille sorti du rang. Le seul membre du blocus qui aurait voulu ne pas enterrer la hache de guerre, c’était l’Egypte, qui n’appartient pas à la famille. Bien qu’elle n’ait pas été présente hier au sommet de la réconciliation, on sait qu’elle ne se refuse pas au projet, qu’elle s’est au contraire résolue à faire bon cœur contre mauvaise fortune. Le fait en effet est que le Qatar n’a satisfait aucune des 13 conditions qui lui avaient été posées pour que le blocus à son encontre soit levé. Il réintègre la famille sans lui avoir cédé en rien. Ce qui ne devrait pas étonner du moment que le blocus n’a pas fonctionné, en partie d’ailleurs grâce à l’appui de la Turquie et de l’Iran, deux pays peu en odeur de sainteté auprès du Conseil de Coopération. Si le Qatar avant ce sommet avait fait savoir qu’il rompait ses relations avec ces deux-là, la réconciliation avec ses voisins arabes immédiats n’aurait posé aucun problème d’interprétation. C’est justement parce qu’il n’a rien fait de tel que la question se pose de savoir s’il n’y a pas anguille sous roche. S’il n’y a pas accord tacite parce
qu’inavouable. Et si le geste attendu du Qatar n’était pas un préalable à sa réintégration, mais une conséquence obligée de celle-ci !

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img